Dans un climat d’urgences sociale, écologique et éthique, 2025 s’annonce être une année clé pour engager la nécessaire transition de nos systèmes d’élevage. Au regard de la dimension et de la complexité de cet enjeu essentiel, nous allons travailler, cette année encore, avec l’ensemble des parties prenantes. 2025 marque un tournant décisif. Voici nos enjeux majeurs pour l’année.
Un climat compliqué
En 2025, l’élevage et le système alimentaire se trouvent à un tournant décisif, pris dans des crises interconnectées.
En France, le climat politique est marqué par des tensions, héritées d’une année 2024 marquée à plusieurs reprises par des mobilisations d’agriculteurs dénonçant un modèle agricole en difficulté, mais aussi par une instabilité politique depuis les dernières élections législatives.
Dans le même temps, les impacts du changement climatique deviennent impossibles à ignorer : les catastrophes climatiques que nous avons vécues en 2024 et en ce début d’année 2025 en sont les meilleurs témoins. Or, le système agricole actuel, dicté notamment par l’élevage intensif, joue un rôle majeur dans ces dérèglements en contribuant de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre et à la déforestation.
Ces défis environnementaux s’accompagnent d’une prise de conscience croissante autour du bien-être animal. Les conditions de vie des animaux dans les élevages intensifs ne sont plus acceptées par une majorité de citoyens.
Nous appelons les décideurs politiques à prendre cette année des mesures courageuses en faveur d’un élevage respectueux des animaux, des êtres humains (citoyens, producteurs, consommateurs) et de la planète et à intégrer ces enjeux dans le débat public.
La transition vers des systèmes plus respectueux du vivant devient urgente, elle est encore possible. En 2025, nous nous concentrerons sur ces 6 enjeux majeurs.
1. Faire interdire l’élevage en cage en Europe
La lutte contre l’élevage en cage est prioritaire en 2025.
En France, des millions d’animaux vivent encore en cage notamment les poules pondeuses, les truies, les lapins ou encore les veaux, ce qui restreint drastiquement leurs mouvements et leur cause d’importantes souffrances.
En 2018, CIWF a lancé puis coordonné l’Initiative Citoyenne Européenne « End the Cage Age » pour mettre fin à l’élevage en cage dans l’Union Européenne. Cette ICE a recueilli au total, avec le soutien de 170 ONG partenaires, 1,4 million de signatures de citoyens européens. En réponse à ce mouvement citoyen historique, la Commission Européenne a annoncé en 2021 son intention de sortir de l’élevage en cage et de présenter ses propositions d’ici 2023.
Dès mars 2024, en réaction à l’absence de propositions de la Commission européenne, le comité des citoyens de l'Initiative Citoyenne Européenne (ICE) "Pour une nouvelle ère sans cage", a engagé une action en justice inédite contre la Commission européenne.
Et, en décembre 2024, suite à des mois de pression, et en ligne avec les conclusions du Dialogue stratégique sur l’avenir de l’Agriculture de l’UE, la Commission européenne s’est engagée à commencer de mettre en œuvre la révision promise de la législation européenne sur le bien-être animal en 2026, avec comme priorité les propositions visant à interdire l'élevage en cage.
Désormais, la question n’est plus de savoir si l’élevage en cage prendra fin en Europe, mais quand et comment. Nous maintenons et maintiendrons une pression constante.
En 2024, nous avons publié deux rapports montrant que la fin des cages est une perspective possible et nous avons appelé le gouvernement français à mettre en place un plan de sortie des cages.
En ce début d'année, nous l'avons rappelé à Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et avons appelé nos sympathisants à lui adresser notre vœu le plus cher pour 2025 : que des mesures concrètes soient mises en œuvre sans délai pour accompagner la transition vers un élevage sans cage.
En 2025, nous poursuivrons nos actions pour parvenir à une fin définitive de l’élevage en cage au sein de l’Union Européenne. Le 23 janvier, la Cour de Justice de l’Union Européenne a autorisé les principales ONG à se joindre à notre action en justice historique.
Le combat continue !
2. Réviser la législation européenne en matière de transport des animaux vivants
Des millions d’animaux continuent chaque année d’être déplacés sur de longues distances pendant des jours, voire des semaines dans des conditions de souffrance extrêmes.
Des victoires ont déjà été obtenues. Après 50 ans de campagne acharnée, la Grande-Bretagne a inscrit dans la loi l’interdiction des exportations d’animaux vivants destinés à l’engraissement et à l’abattage. Cette victoire montre que le changement est possible, mais il reste encore beaucoup à faire pour étendre cette interdiction à l’échelle européenne et mondiale.
En 2025, continuons de travailler ensemble pour exiger de l’Union Européenne une réglementation plus stricte pour mieux protéger les animaux : en limitant le temps de transport au sein de l'UE, et en interdisant toutes les exportations d’animaux vivants de l’Union Européenne vers des pays tiers ayant des normes de bien-être animal insuffisantes.
3. Améliorer la protection des poissons d’élevage et empêcher les projets d’élevages de pieuvres
Avec l’essor de l’aquaculture, les poissons sont devenus les grands oubliés du bien-être animal. Entassés dans des bassins ou des cages marines, ils subissent un stress permanent, des blessures et des pratiques d’abattage douloureuses.
La campagne Parlons poissons, menée par CIWF, va se poursuivre en 2025 et continuer d’exiger une protection du bien-être des poissons au sein de l’UE, à travers le monde.
Nous plaidons pour des réglementations claires sur la densité d’élevage et l’amélioration des conditions d’abattage. CIWF demande également l’élaboration d’un label garantissant un élevage respectueux des poissons.
Parlons poissons… mais aussi pieuvre : Les équipes de CIWF se sont mobilisées à travers le monde pour dénoncer la cruauté mais aussi la sous-évaluation des risques environnementaux causés par ce projet absurde de premier élevage commercial de pieuvres au monde, dans les Îles Canaries. Nous maintiendrons en 2025 la pression pour que ce type de projet ne voie jamais le jour.
4. Réorienter nos consommations vers « moins et mieux » de protéines animales
Nous considérons qu’un autre enjeu majeur est de réorienter nos modes de consommation. La transition vers une alimentation plus durable et plus respectueuse des animaux passe par un changement dans nos habitudes alimentaires : consommer moins de protéines animales, mais de meilleure qualité.
Afin de poursuivre notre sensibilisation et d’accompagner au mieux les citoyens engagés à réduire leurs consommations de produits d’origine animale, nous renouvellerons cette année encore notre challenge « Arrêtons d’en faire des tonnes ».
Et pour aider chacun à choisir des produits respectant au mieux le bien-être des animaux d'élevage, nous poursuivrons la diffusion de notre guide du consommateur responsable.
Permettre au consommateur de faire des choix éclairés grâce à une information transparente et fiable est essentiel selon nous, c’est pourquoi nous poursuivrons notre travail de déploiement de notre Etiquette Bien-être Animal que nous voulons généraliser davantage encore pour tirer les pratiques d'élevage vers le haut pour les poulets de chair, mais aussi pour les poules pondeuses, les cochons, les vaches laitières...
5. Agir sur les systèmes de production et accompagner les entreprises engagées
Notre équipe agroalimentaire plaide pour une réforme globale des systèmes de production. Nous poussons les entreprises à améliorer le bien-être animal, à réduire leur dépendance aux produits issus d’animaux, et encourageons les pratiques d’agriculture régénératives.
Nous poursuivrons cette année le déploiement de nos outils, notamment : les Trophées Bien-être animal qui récompensent les entreprises de l’agroalimentaire pour leurs politiques ou leurs engagements en faveur du bien-être animal et de l’environnement.
Nous poursuivrons par ailleurs le renforcement des critères pour le classement annuel international des leaders de l’agroalimentaire sur leurs engagements et leurs performances en matière de bien-être animal.
Mais cette année 2025 est surtout une année décisive pour permettre aux entreprises qui se sont engagées à améliorer de manière significative le bien-être des poulets de chair, en signant le Better Chicken Commitment (BCC), de tenir leurs engagements dont l’échéance 2026 est désormais imminente.
Le BCC vise à instaurer des pratiques d'élevage et d'abattage respectueuses du bien-être des poulets de chair. Il définit des critères précis sur la densité d’élevage, les souches utilisées, l’enrichissement de l’environnement et les méthodes d’étourdissement.
Nous accompagnerons ces entreprises au maximum afin qu’elles réalisent leurs objectifs !
Et notre second objectif majeur pour 2025 concerne les engagements hors-cage des entreprises en France et dans le monde des entreprises.
6. Construire un mouvement mondial pour transformer notre système alimentaire à bout de souffle
L’élevage intensif, qui dicte le système alimentaire mondial, dérègle le vivant.
Non seulement ce système d'élevage cause des souffrances inimaginables aux animaux, mais il est aussi un facteur majeur de disparition des habitats, de déforestation, de dérèglement climatique, de pollution et de risque pour la santé humaine.
Mettre un terme à l’élevage intensif est vital, l'enjeu est mondial.
C’est pourquoi nous avons lancé en 2022 la campagne « End.it », qui vise à mettre « un point final » à l’élevage industriel : nous avons initié un mouvement mondial de citoyens, d’organisations et d’entreprises appelant les dirigeants à se rassembler autour d’un accord mondial des Nations unies pour transformer notre système alimentaire avant qu’il ne soit trop tard.
Au cœur de cette campagne se trouve une pétition internationale totalisant à ce jour plus de 740 000 signatures. Nous continuerons à mobiliser afin d’envoyer un message fort aux dirigeants mondiaux.