Aux Etats-Unis comme dans l'Union Européenne, le TAFTA menace les mouvements citoyens en faveur de systèmes agricoles et alimentaires plus durables, plus justes et plus sains.
Concentration des entreprises, développement des fermes-usines, renforcement des industries transnationales, le TAFTA favorisera l'expansion de la production industrielle de viande à un moment où la société civile demande justement l'inverse, c'est-à-dire des produits carnés et laitiers produits localement, sans substance toxique, respectueux des animaux et des hommes, et bénéficiant plutôt que dégradant l’environnement.
D'importantes disparités entre les normes actuelles de bien-être animal de l'UE et celles des Etats-Unis basées sur les lois et la sensibilité du 19ème siècle, font de ce domaine politique un champ de bataille pour l'agro-industrie. Les normes renforcées de bien-être des animaux en Europe sont contestées car rendues responsables de surcoûts de production, et le moindre effort pour les améliorer se heurte à de nombreuses résistances en raison de la concurrence. Les négociations du TAFTA seront comme « l'éléphant dans le magasin de porcelaine » si la Commission décide de lancer une nouvelle stratégie sur le bien-être animal exigée par l'opinion publique, comme le montre le récent Eurobaromètre, selon lequel une écrasante majorité des citoyens européen soutient des règles plus strictes de protection de protection des animaux.
En éliminant les droits de douane et en favorisant une coopération réglementaire tirée vers le moins-disant, le TAFTA encouragera une course vers le bas pour atteindre les modes de production et de transformation les moins chères au détriment des autres biens publics.
Tout en affaiblissant les politiques alimentaires de l'UE qui sont fortement soutenues par les consommateurs, le TAFTA servira de cadre légal pour que les entreprises attaquent les Etats dont les normes vont au-delà des standards fédéraux minimums, anéantissant ainsi les progrès accomplis par les mouvements sociaux ainsi que les organisations de consommateurs et d'agriculteurs qui veulent mieux réguler l'industrie de la viande et finalement transformer le système agroalimentaire américain actuel.
Au contraire des déclarations des négociateurs le TAFTA doit être reconnu pour ce qu'il est: une stratégie visant plusieurs fronts, guidée par les leaders mondiaux de l'agro-industrie des deux côtés de l'Atlantique, lesquels établiront un mécanisme permanent de déréglementation et consolideront l'industrie de la viande. Le TAFTA est antidémocratique; les politiques qu'il promeut sont contraires au développement durable et doivent être rejetées par quiconque se soucie d'une alimentation et d'une agriculture de qualité, des droits humains, du bien-être animal et de l'avenir de notre planète.
Le document intégral est disponible en anglais sur http://www.ciwf.org.uk/research/policy-economics/selling-off-the-farm/