La loupe

Enquête 2014 : dans 16 élevages intensifs de lapins en Europe

Logo Une nouvelle ère sans cage Lapin strapline

Pendant l’été 2014, les enquêteurs de CIWF se sont rendus dans 16 élevages intensifs de lapins dans 5 pays – l’Italie, la Grèce, la République tchèque, la Pologne et Chypre.

Voilà ce qu’ils ont découvert, le visage méconnu de cet élevage massivement intensif : des millions de lapins en cages.

Nous sommes en 2014. L’âge des cavernes est dépassé. Il est grand temps d’évoluer pour mettre fin à cette cruelle pratique d’un autre âge qui consiste à élever les animaux en cage. Aidez-nous à créer une nouvelle ère sans cage.

Enquête : l'enfer des cages pour des millions de lapins

Attention - certaines images peuvent heurter la sensibilité

Un commerce sordide

Nos enquêteurs ont révélé de terribles souffrances, des lapins confinés dans de minuscules cages entièrement grillagées qui les laissent dans l’incapacité d’exprimer leurs comportements naturels (tels que bondir, courir, creuser ou se cacher) et leur causent des blessures et du stress.

Dans de nombreux élevages, les cages étaient recouvertes de poils de précédents lapins. Dans certains cas, des lapins morts pourrissaient dans des pelleteuses à l’extérieur des bâtiments, dans les allées séparant les rangées de cages ou sur les cages, quand ils n’étaient pas tout simplement laissés morts dans les cages avec les autres jeunes lapins.

De simples machines

Scène rarement rapportée : nos enquêteurs ont filmé des lapines allaitant toujours leurs petits, arrachées à leur cage pour être inséminées artificiellement. Les éleveurs planifiaient déjà leur gestation suivante. Ces instants furtifs et brutaux, sont les seuls moments où ces mères quittent leur cage au cours des deux ans où elles serviront de femelles reproductrices.

Certains des élevages dans lesquels nos enquêteurs se sont rendus étaient fortement dépendants des antibiotiques pour traiter les animaux et empêcher les maladies de se répandre comme une traînée de poudre à travers les cages exigües. D’autres élevages ne tentaient même pas de traiter les lapins malades ou blessés – et de nombreux animaux étaient victimes d’infections fongiques et oculaires ainsi que de troubles respiratoires.

Un problème pour toute l'industrie

Les conditions que nos enquêteurs ont découvertes dans tous les élevages dans lesquels ils se sont rendus se ressemblent. Il est peu probable que ces conditions soient limitées à ces élevages, et au contraire fort probable qu’elles soient les mêmes pour tous les lapins élevés en cage à travers l’UE. Ce que nous savons avec certitude, c’est que le lapin est le deuxième animal le plus élevé en Europe après le poulet, et que, chose choquante, l’écrasante majorité de ces lapins (environ 99 %) passent leur vie entière dans des cages nues, sans aucun enrichissement et à même le grillage métallique.

Pologne

Pologne

Une courte vie passée derrière les barreaux de leurs cages pour des milliers de lapins d'élevage intensif en Pologne.

Waste

Waste

Dans cet élevage industriel en République tchèque, il fallait se frayer un chemin parmi les déjections pour pouvoir contrôler l’état des lapins.

Maladie

Maladie

Ce lapin a un trou béant dans son oreille et une plaie infectée sur sa tête. Et il n'était pas le seul à avoir de telles blessures.

Peau

Peau

La peau des oreilles de ce mâle est dans un état grave, mais il ne recevait aucun traitement semble-t-il.

Antibiotique

Antibiotique

Cet élevage de lapins était fortement tributaire des antibiotiques.

Échappé ou piégé

Échappé ou piégé

Un lapin s'était échappé de sa cage, mais était pris au piège dans le hangar, sans accès à de la nourriture ou de l'eau.

Lapins morts

Lapins morts

A l'extérieur des bâtiments de cet élevage intensif, des lapins morts sont entassés et se décomposent dans une pelle.

Témoignage des enquêteurs

Vous pouvez lire ci-dessous les témoignages de nos enquêteurs, centrés sur les principaux problèmes de bien-être des lapins.

Le logement

En Italie

Ce commerce est d’une ampleur considérable en Italie et les éleveurs industriels parlent unanimement de leur activité en termes de « produits »… et non d’animaux. Lorsqu’on voit des mères et des lapereaux être lancés depuis des caddies dans des rangées de cages vides, il n’est pas difficile d’imaginer la même scène dans un supermarché où les produits sont saisis sur les rayons et jetés dans des chariots.

L’espace posait problème – plusieurs éleveurs faisaient naître plus de lapins qu’ils n’avaient la capacité d’en loger – pourtant ils savaient que cela arriverait puisque les souches génétiques dans lesquelles ils ont « investi » ne produisent que des « super lapines ».

Les cages s’alignaient de part et d’autre de moi et s’étendaient sur une telle distance qu’on apercevait à peine un faible rayon de lumière au loin. L’allée semblait couverte de neige fraîche, sauf qu’il s’agissait de poils de lapin ; c’était comme un tapis blanc, exception faite des lapins en décomposition et de l’armée de mouches qui grouillait sur eux.

Beaucoup des élevages étaient crasseux – les installations et les équipements étaient couverts de poussière, de saleté et de poils. Des lapereaux morts pourrissaient sur le dessus de leur cage ou dans les fosses à déjections situées au-dessous, recouverts par les excréments qui tombaient à travers le grillage de la cage.

En Grèce

Mon cœur s’est serré lorsque j’ai vu en baissant les yeux un petit groupe de lapereaux nouveau-nés sur le devant de la cage de leur mère. Leurs petits orteils roses tressaillaient dans leur sommeil. Est-ce qu’ils rêvaient ? Leurs yeux ne s’étant pas encore ouverts pour la première fois, ils n’avaient aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient et du sort qui les attendait. En regardant autour de moi les immenses bâtiments remplis de centaines de malheureux lapins, je ne voyais leur avenir que trop clairement : une vie définie par un confinement extrême.

Dans l’un des bâtiments se trouvaient plusieurs rangées de cages sur deux niveaux. Les lapins de ce bâtiment n’étaient qu’à quelques jours de l’abattage et cela faisait déjà longtemps qu’ils étaient trop gros pour leurs cages.

En République tchèque

Les propriétaires essayaient de me faire détourner le regard des déjections de lapin qui s’étaient accumulées au point de former des monticules sous les cages, mais c’était difficile à ignorer. Elles recouvraient toute la surface et il n’aurait pas été possible de contrôler l’état des lapins sans patauger dedans. Je n’avais vu d’élevage aussi sale que celui-ci dans aucun autre pays, pourtant j’avais déjà vu des élevages épouvantables.

Avant de partir j’ai observé un mâle inerte dans une cage nue. Il n’y avait rien du tout qui puisse enrichir sa vie – juste le grillage métallique à ronger. Je voyais bien que les propriétaires ne portaient aucun intérêt à ce mâle, seulement aux super-mâles reproducteurs qui leurs rapportent.

En Pologne

Un élevage industriel de lapins typique : les portes s’ouvrent et les mouches bourdonnent autour de votre visage. Il y en a sur toutes les cages et sur l’objectif de ma caméra. Au-delà de ça se trouvent les visages de milliers de lapins entassés dans des rangées de cages avec zéro enrichissement et aucun espoir.

La reproduction

À Chypre

L’exploitation était très sombre et humide – un élevage industriel typique. J’ai été surpris d’apprendre que certaines des lapines reproductrices qui se trouvaient là étaient nées au Royaume-Uni et avaient ensuite été amenées ici par avion pour y vivre dans ces conditions pitoyables. Tout n’était que grillage – des cages nues qui offraient aux lapins un espace minuscule pour changer de position. Aucun comportement normal n’était permis, mais au fond c’est ce qu’un éleveur industriel attend d’un système de cages de batterie.

En Italie

Simple machine, chaque lapine est tirée de sa cage l’espace de quelques secondes pour être inséminée artificiellement. Elle élève toujours ses petits non sevrés, mais la portée suivante est déjà en train d’être planifiée. À la fin de l’enquête, j’ai compris que c’est le seul moment que les lapines passent en dehors de leurs cages. Leurs courbes de production montrent qu’elles sont ici depuis deux ans – de l’autre côté du bâtiment, les mâles sont enfermés dans des cages depuis quatre ans.

Elles donnent de grandes portées, mais sont incapables de s’occuper de tous les petits – c’est pourquoi on abat jusqu’à 6 lapereaux sur une portée de 16.

Les médicaments « préventifs »

En Italie

Pour continuer à fonctionner, ces « machines » ont besoin d’être entretenues régulièrement. Pour les lapins, cet entretien se fait sous forme d’ordonnance. Ils sont dépendants d’un flux continu d’antibiotiques – comme la Terramycine pour le traitement des pneumonies. Un des élevages que j’ai vu dépensait 25 000 euros par an uniquement pour ce traitement afin de maintenir les lapins en vie suffisamment longtemps pour qu’ils atteignent l’abattoir.

Même avec l’utilisation en routine de tels antibiotiques dans cette industrie, l’élevage intensif de lapins ne provoque que des douleurs et des souffrances en masse. Un des élevages, retiré dans une plantation forestière, connaissait une épidémie massive d’infections fongiques chez les lapins. C’était affreux de voir des lapereaux avec des plaques sans poils sur le corps. L’infection avait aussi gagné les ouvriers : des éruptions cutanées s’étendaient sur toute la longueur de leurs bras et de leurs jambes. Avant que je parte à la recherche d’une pharmacie, les propriétaires m’ont avoué qu’ils étaient trop paresseux pour avoir traité cette infection avant qu’elle ne tourne en épidémie. Ils ne s’en sentaient tout simplement pas responsables... mais après tout la ‘responsabilité’ est le principal ingrédient qui manque à l’élevage industriel.

L’abattage

En Grèce

Pour ces lapins, c’est une vie d’enfermement sur du grillage. Mais je ne devrais même pas appeler ça une vie. C’est une existence longue de trois mois. Une existence qui prive ces jeunes animaux de tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Les quelques courts instants qu’ils passent hors de leurs cages ne consistent qu’en des manipulations brutales lorsqu’on les déplace d’une cage à une autre. Le seul air frais qu’ils ne connaissent jamais, c’est sur le trajet de l’abattoir qu’ils le respirent. La dernière fois qu’ils sont soulevés d’une cage, c’est à l’abattoir, par un travailleur qui les attrape par les oreilles et les fourre la tête la première dans un étourdisseur électrique avant de leur trancher la gorge.

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