De nouvelles images témoignent aujourd’hui d'actes de cruauté épouvantables mais courants dans des élevages de truites de l'UE (poissons emballés vivants dans des sacs en plastique ou dont les yeux sont arrachés à la cuillère, etc.). En publiant ces images qui révèlent la violence banalisée des pratiques exercées dans les élevages de truites de l'Union européenne, CIWF dénonce un système d’élevage à la dérive et demande à la Commission européenne d'introduire sans délai une législation visant à protéger les poissons d'élevage.
Des pratiques courantes d’une violence insoutenable
CIWF publie aujourd’hui les résultats de l'enquête d’infiltration dans quatre élevages polonais de truites. Avec images vidéo à l’appui, l’enquête témoigne du sort épouvantable de poissons encore vivants :
- éviscérés
- les yeux arrachés
- étouffés et écrasés dans des tonneaux surpeuplés
- voire emballés dans des sacs en plastique sans eau.
L’enquête montre des poissons, déjà malades et souffrant d’infections fongiques, d'érosion des nageoires ou de blessures diverses, qui endurent encore des douleurs supplémentaires et ultimes pendant un “abattage à répétition”, les appareils électriques destinés à les étourdir s’avérant inefficaces et les chocs devant être répétés.
Selon le rapport d’enquête de CIWF, les conclusions des scientifiques sont limpides : les poissons sont eux aussi des animaux intelligents, sensibles, qui explorent, voyagent, établissent des liens sociaux, chassent et jouent ; certaines espèces s'occupent de leurs petits, utilisent des outils...
CIWF alerte sur l’étendue des dégâts de ces élevages !
Ces conditions d’élevage et d’abattage ne sont aucunement des cas isolés. Les problèmes liés à ces pratiques d’élevage sont courants dans les exploitations piscicoles de l'UE, y compris en France, où 20 à 66 millions de poissons sont élevés chaque année. Plusieurs tonnes de truites sont régulièrement importées de Pologne pour alimenter le marché français (393 tonnes en 2022).
Au-delà des actes de cruauté évidents, l’enquête soulève des problèmes environnementaux alarmants liés à ces exploitations. Quasiment toutes (toutes sauf une) présentaient une mauvaise qualité d'eau, avec des animaux morts, des excréments et des restes d'aliments dans les étangs.
Yvan Savy, Directeur de CIWF France, a déclaré :
Nos enquêteurs ont été témoins de pratiques cruelles et généralisées, notamment l'éviscération de poissons vivants, leur conditionnement dans des sacs en plastique et même l'arrachage de leurs yeux. Les preuves scientifiques sont claires : les poissons sont des animaux sensibles, capables de ressentir la douleur et la souffrance, tout comme les autres animaux. Il est donc totalement inacceptable de laisser perdurer cette cruauté barbare.
CIWF dénonce un système à la dérive et appelle les Français à exiger une révision de la législation !
Yvan Savy poursuit :
Cette enquête révèle une cruauté choquante et généralisée et met en évidence le besoin désespéré et urgent d'améliorer la protection juridique des poissons d'élevage en France et dans l'ensemble de l'Union européenne. En l’absence de législation européenne adaptée, bon nombre de ces mauvais traitements sont courants dans les exploitations piscicoles. Nous devons veiller à ce que les poissons d’élevage soient protégés de la cruauté par une législation complète et spécifique à chaque espèce piscicole, et nous demandons à la France d’exiger instamment de l'UE qu'elle introduise sans délai une telle législation pour protéger leur bien-être.
Jusqu'à 1,2 milliard de poissons de différentes espèces sont élevés dans des exploitations similaires chaque année dans l'UE, la truite étant le poisson d'élevage le plus répandu. Bien que la sensibilité des poissons et la nécessité d'améliorer les normes de protection soient de plus en plus reconnues, la législation actuelle de l’UE (et dans le reste du monde) prive cruellement les poissons de la moindre protection.
En 2020, la Commission européenne s'est engagée à réviser la législation relative au bien-être des animaux, y compris les pratiques de transport et d'abattage, afin de l'aligner sur les dernières données scientifiques relatives à la sensibilité des poissons. Malgré ces promesses, la Commission n'a toujours pas publié de nouvelles propositions législatives.
CIWF appelle les Français à écrire au Ministre français de l'agriculture pour exiger une législation européenne plus stricte et mieux protéger les poissons d'élevage en France et au sein de l’UE.