Grippe aviaire : cette "bombe à retardement" ne peut être stoppée sans réformes majeures

Selon un nouveau rapport CIWF publié aujourd’hui, il ne sera pas possible d'enrayer la propagation de la grippe aviaire et de réduire le risque d'une pandémie mondiale sans réformes agricoles majeures.

Un rapport édifiant, un plan d’action en 3 points

Ce rapport, intitulé "Grippe aviaire : Seules de grandes réformes agricoles peuvent y mettre fin" (rapport complet en anglais, résumé en français) montre que, contrairement à la croyance populaire, les oiseaux sauvages sont généralement les victimes de la maladie et non sa cause, et qu'elle échappe à tout contrôle en raison de l'essor de l'élevage industriel. Ce point de vue est soutenu par le groupe de travail scientifique international sur la grippe aviaire, qui a été mis en place pour fournir aux gouvernements des recommandations et des orientations.

S'appuyant sur les données scientifiques les plus récentes et illustré par des photos saisissantes de volailles touchées par la grippe aviaire dans le monde entier, prises par We Animals Media, le rapport exhorte les gouvernements à mettre en œuvre un plan d'action en trois points :  

• la vaccination massive des troupeaux pour ralentir la propagation de la maladie
• une restructuration radicale de l'industrie avicole, avec des troupeaux plus petits et des densités d'élevage plus faibles, des races plus robustes, et éviter les regroupements d'élevages de volailles pour réduire le risque d'émergence et de propagation de souches hautement pathogènes.
• une modification du mode d'élevage des porcs, car les porcs d'élevage industriel peuvent servir de "récipients de mélange" pour créer de nouveaux virus porcins, aviaires et humains.

Aujourd'hui, CIWF a écrit au gouvernement français et à d'autres gouvernements en Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis pour leur demander de collaborer avec l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) afin de mettre en œuvre ce plan d'action dans les plus brefs délais.

L’élevage industriel crée les conditions idéales pour la propagation du virus

Des dizaines de milliers d'oiseaux sauvages seraient morts de la grippe aviaire, mais on pense que leur nombre réel se chiffre en millions. Jusqu'à récemment, la grippe aviaire qui circulait chez les oiseaux sauvages ne leur causait généralement que peu de dommages. Mais lorsque le virus pénètre dans les poulaillers surpeuplés des élevages industriels - souvent transporté par les chaussures, les vêtements ou les équipements contaminés des travailleurs - il peut se transformer en une dangereuse grippe aviaire hautement pathogène (IAHP).

Ces élevages industriels créent les conditions idéales pour la propagation du virus : la promiscuité entre les animaux, leur faible résistance aux maladies, les conditions de stress, le nombre constant de nouveaux hôtes fournissent aux virus les conditions idéales à la propagation rapide des infections et permettent également d’augmenter le risque que de nouvelles souches hautement nocives puissent émerger.

Depuis 2021, plus d'un demi-milliard d'oiseaux d'élevage sont morts ou ont été abattus dans le monde à cause de la grippe aviaire dont plus de 25 millions rien qu’en France.

Peter Stevenson, auteur du rapport et conseiller politique en chef de CIWF, a déclaré : "L'entassement des animaux dans les élevages industriels n'est pas seulement totalement inhumain, il crée l'endroit idéal pour que la grippe aviaire et d'autres virus se propagent et mutent en des souches plus dangereuses. Trois actions clés sont nécessaires pour lutter contre cette maladie : la vaccination, une réforme majeure de l'industrie de la volaille et la fin de l'élevage industriel des porcs. Les gouvernements du monde entier doivent mettre en œuvre ce plan en trois points sans délai".

Une véritable bombe à retardement…

Les oiseaux ne sont pas les seuls animaux touchés par la grippe aviaire. Le virus a déjà atteint des mammifères à plusieurs reprises, infectant notamment les loutres, les renards, les dauphins, les otaries, les visons, les chiens et les chats domestiques. Plus inquiétant encore, il a également développé la capacité de se propager d'un vison à l'autre, dans une ferme à fourrure en Espagne en 2022, ce dont il n'était pas capable auparavant, ce qui le rend beaucoup plus dangereux car les mammifères, y compris les humains, pourraient en subir les conséquences. En effet, s’il développe la même capacité à se propager entre les humains, il y aura un véritable risque de nouvelle pandémie très meurtrière.  

Au moins 875 personnes ont été infectées dans le monde depuis 2003, dont la moitié est décédée ! L'épidémie de grippe porcine de 2009 et l'épidémie de grippe espagnole de 1918 causée par un virus de la grippe dont les gènes étaient probablement d'origine aviaire, soulignent avec force les capacités des maladies zoonotiques. 

Peter Stevenson poursuit : "La grippe aviaire est une véritable bombe à retardement. Si nous ne nous réveillons pas et ne prenons pas des mesures urgentes pour mettre fin à l'élevage industriel, nous serons tout simplement incapables d'arrêter sa propagation rapide à travers le monde et de réduire le risque d'une grave pandémie humaine. "

Le professeur Devi Sridhar, titulaire de la chaire de santé publique mondiale à l'université d'Édimbourg, a déclaré : "Plus le virus a de chances de passer dans un être humain et de muter, plus il est probable qu'une souche dangereuse émerge et déclenche la prochaine pandémie".

Ce point de vue est étayé par une déclaration commune de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), de l'OMSA (Organisation mondiale de la santé animale) et de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) datant de juillet 2023 : "Les virus de la grippe aviaire se propagent normalement entre les oiseaux, mais le nombre croissant de cas de grippe aviaire H5N1 détectés chez les mammifères - qui sont biologiquement plus proches de l'Homme que les oiseaux - fait craindre que le virus ne s'adapte pour infecter plus facilement l'Homme".

Nous devons mettre fin à l'élevage industriel et transformer notre système alimentaire mondial afin de garantir la santé future des animaux, des êtres humains et de notre planète. Pour signer la pétition, rendez-vous sur END.IT.