Alors que de nouvelles images accablantes, dévoilées aujourd’hui, démontrent les horreurs commises dans les ports européens lors des exportations d'animaux vivants, les Français s’adressent instamment à leur ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau : dans le cadre de la révision imminente de la législation européenne en matière de protection des animaux d’élevage, la France doit soutenir le renforcement de la législation visant à protéger les animaux pendant le transport et soutenir l'interdiction de les exporter vivants hors de l’UE.
Des images inédites, des drames systémiques !
Sur les images dévoilées aujourd’hui*, à l'occasion de la 8e journée internationale de sensibilisation pour l'interdiction des exportations d'animaux vivants hors de l’UE, on voit (et on entend) des animaux terrorisés, traînés, frappés à coups de pied et forcés de monter dans des camions et des bateaux bondés, sales, étouffants. Si ces nouvelles images sont inédites, elles témoignent une fois encore de la violence des opérations à exécuter pour exporter vivants les animaux vers les pays tiers de l’UE.
Et ces pratiques sont perpétrées à très grande échelle. Chaque année, des millions d'animaux dans le monde sont transportés sur des milliers de kilomètres - par voie aérienne, maritime ou terrestre - pour être immédiatement abattus ou engraissés avant d’être abattus. Pendant le transport, les animaux sont obligés de supporter des températures extrêmes et un surpeuplement permanent. Ces conditions difficiles rendent impossible un niveau minimal de protection acceptable, et causent souvent des blessures et des surmortalités. Beaucoup de ces animaux sont des moutons et des veaux entassés, sans suffisamment de nourriture, d'eau ou d'espace.
S’ils n’ont pas succombé durant ces longs transports, les animaux seront abattus dans des conditions inacceptables car il n'existe pas, à destination, de lois pour les protéger lors de l’abattage.
Les lignes bougent, mais la France s’obstine !
La révision de la législation européenne en matière de bien-être animal est une occasion historique de faire interdire les exportations d'animaux vivants. L'UE a la honteuse distinction d'être le premier exportateur mondial d'animaux vivants. De nombreuses enquêtes et rapports montrent que la législation actuelle ne protège pas efficacement les animaux pendant le transport au sein de l'UE, et elle le fait encore moins lors des transports vers des pays tiers.
La solution la plus durable est une interdiction totale des exportations d'animaux vivants et leur remplacement complet par des exportations de viande, de carcasses et de matériel génétique.
Mais en janvier, la France, la Grèce, l'Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Portugal, la Roumanie et l'Espagne se sont publiquement opposés à des mesures progressistes visant à « interdire ou limiter certains types de transport » d'animaux vivants, et ont ensuite été rejoints par la Bulgarie, la Croatie, l'Estonie, la Hongrie, l'Italie, la Pologne et la République tchèque.
D’autres pays anticipent l’évolution inéluctable des législations sur le sujet.
En Europe, l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suède, la Belgique et le Danemark ont appelé à une interdiction au niveau de l'UE des exportations d'animaux vivants vers des pays tiers. Plusieurs pays européens ont également fait évoluer leur législation afin d’améliorer la prise en compte du bien-être animal lors des transports.
Des avancées législatives majeures gagnent les autres continents. En avril, la Nouvelle-Zélande a promulgué une loi interdisant les exportations d'animaux vivants par voie maritime et le tribunal fédéral brésilien a interdit l'exportation d'animaux vivants depuis les ports brésiliens. Le gouvernement australien s'est récemment engagé à supprimer progressivement les exportations d'ovins vivants.
Des ministres européens appelés à cesser de bloquer la fin de ce commerce dépassé !
La grande majorité des citoyens européens (94%*) soutiennent l'interdiction des exportations d'animaux vivants vers les pays tiers. Aujourd’hui, ils envoient massivement des cartes postales numériques aux 14 ministres de l'Agriculture de l'UE, notamment à Marc Fesneau qui, actuellement, bloque l’évolution de la législation.
CIWF appelle tous les ministres de l'Agriculture de l'UE, y compris à Marc Fesneau, à ne pas se soumettre aux intérêts particuliers, à ne pas trahir la volonté des citoyens européens, et à cesser de bloquer la nécessaire interdiction des exportations d'animaux vivants hors de l’UE.
Notes aux rédacteurs
*La date du 14 juin commémore le calvaire subi en 2015 par 13 000 moutons lors d’un long voyage en mer de la Roumanie à la Somalie.
** Rapport de consultation 2022 de la Commission européenne réalisé dans le cadre de la révision de la législation européenne sur la protection des animaux d’élevage.
Images : ici