Vendredi 5 décembre 2021 - La consommation mondiale de viande et de produits laitiers doit être réduite de manière très nette si nous voulons éviter une catastrophe climatique. Telle est la conclusion sans appel d'un nouveau rapport publié aujourd'hui par l'ONG internationale CIWF (Compassion in World Farming) dans le cadre de la COP26.
Impact de l'élevage sur le climat : un rapport scientifique très clair !
Le rapport, intitulé "Breaking the Taboo : Why Diets Must Change to Tackle Climate Emergency" ("Briser le tabou : pourquoi les régimes alimentaires doivent changer pour faire face à l'urgence climatique"), présente des arguments scientifiques clairs : sans une réduction mondiale urgente et significative de la consommation de viande, nous ne serons pas en mesure d'atteindre les objectifs convenus dans l'accord de Paris de 2015 pour éviter une catastrophe climatique.
Les combustibles fossiles, l'énergie et les transports ont tendance à dominer les discussions sur le climat. Les gouvernements ignorent largement l’impact de l'élevage sur le changement climatique, terrifiés à l'idée de s'attaquer aux puissants intérêts qui poussent à l'expansion de la consommation mondiale de viande et de produits laitiers.
Des conclusions sans appel
Le rapport révèle que :
- Le secteur de l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
- Le système alimentaire est responsable d'un tiers de l'ensemble des émissions de GES ; 75 % des émissions de l'agriculture sont dues au bétail.
- Pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, tous les secteurs doivent réduire leurs émissions. Toutefois, si la consommation mondiale de viande et de produits laitiers se maintient au même rythme, les émissions de l'alimentation et de l'agriculture augmenteront considérablement et il sera très difficile d'atteindre les objectifs de l'accord de Paris.
- Les changements apportés à nos régimes alimentaires pourraient représenter jusqu'à un cinquième des mesures d'atténuation nécessaires pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris.
Une réduction drastique de la consommation mondiale de viande est incontournable pour faire face à la crise climatique
Pour inverser le cours de la crise, les gouvernements et les décideurs politiques doivent agir de toute urgence dans plusieurs domaines clés, selon l’ONG. Il s'agit notamment de réduire la production de viande dans les élevages monogastriques industriels (par exemple, les porcs et les volailles) et dans les secteurs des bovins d'engraissement. La plupart des viandes et des produits laitiers devraient provenir d'exploitations où les animaux peuvent paître sur des prairies bien gérées d’un point de vue protection de la biodiversité. La superficie des terres consacrées à l'élevage devrait également être réduite afin de soutenir les solutions climatiques naturelles telles que la restauration des forêts et des tourbières.
Le rapport souligne que les politiques élaborées pour résoudre le problème doivent intégrer des considérations essentielles, notamment : la sécurité alimentaire, l'efficacité des ressources, la perte de biodiversité, la déforestation, les effets néfastes sur les sols et l'eau, et le bien-être des animaux, ainsi que l'utilisation d'antimicrobiens et le risque de futures pandémies.
Enfin, pour que des mesures soient prises, les gouvernements doivent encourager et inciter à réduire les niveaux de production et de consommation de viande et de produits laitiers, sauf dans les pays où les niveaux sont déjà faibles.
L'auteur du rapport et conseiller politique de l’ONG, Peter Stevenson, a déclaré :
"Le rôle central que jouent l'alimentation et l'agriculture dans la crise climatique a été pratiquement ignoré par les dirigeants mondiaux".
"Aujourd'hui, nous brisons le tabou et clamons haut et fort ce qui doit être dit dans ce nouveau rapport : la production de bétail est un facteur majeur de la crise climatique. Sans une réduction mondiale urgente et significative de la consommation de viande et de produits laitiers, nous serons incapables d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris nécessaires pour éviter une catastrophe climatique. Sommes-nous vraiment prêts à risquer de détruire la planète simplement parce que nous ne pouvons pas freiner notre consommation excessive de viande et de produits laitiers ?
"Les dirigeants mondiaux doivent saisir l'occasion de la Journée de la nature demain (6 novembre) pour s'engager à prendre des mesures urgentes et définitives afin d'inverser cette voie calamiteuse, avant qu'il ne soit trop tard. Le monde observe et attend."