Publié 04/06/2020
À l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement (5 juin), World Animal Protection et CIWF France alertent sur les impacts de la surconsommation de viande. Elles exhortent les citoyens, industriels, producteurs et distributeurs à prendre en compte l'impact de la consommation de viande issue de l'élevage intensif sur la planète. La déforestation engendrée par nos importations de soja pour l’alimentation animale a des conséquences désastreuses sur le changement climatique, la biodiversité et la santé. Il est urgent de réduire la pression sur la planète et de recréer un lien au sol dans nos élevages pour atteindre l’autonomie protéique en Europe.
L’Union européenne consomme trop… de soja !
L’Union européenne est le 1er producteur mondial de produits laitiers (avec l’Inde), le 2ème producteur mondial de porc et le 3ème producteur mondial de viande bovine et volaille. Avec seulement 7% de la population mondiale, les Européens consomment pourtant 17% des protéines animales[i] !
La production de viande, notamment industrielle, dans des systèmes hors-sols, nécessite de nombreuses ressources et a des impacts environnementaux importants - augmentation des émissions de gaz à effet de serre, déforestation, utilisation des terres pour produire des aliments pour animaux, utilisation massive d’eau, d'engrais et de pesticides et sur-utilisation des antibiotiques.
Pour atteindre un tel niveau de production de viandes à bas coûts, il est nécessaire d’importer l’alimentation animale, qui ne peut être produite sur la zone d’élevage. C’est ainsi que l’Europe surconsomme du soja importé.
87% du soja importé par l’UE est destiné aux filières d’élevage
En France, 80% des animaux étant élevés dans des systèmes intensifs, leur nourriture leur est apportée en bâtiments et en grande majorité importée. Alors que l’UE vient de publier sa Stratégie Farm to Fork, en France, le CESE vient de publier son avis sur le rôle de l’UE dans la déforestation importée[ii] et le constat est alarmant : 87% des importations de soja par l'UE sont destinées à nourrir les animaux d'élevage (les autres usages étant l’alimentaire et les agro-carburants), et représentent une part croissante de la déforestation importée du fait qu'elles proviennent de pays à fort risque de déforestation – le Brésil notamment[iii]. Manger de la viande issue d’élevages industriels en France ou en Europe a des conséquences non seulement au Brésil, mais sur la planète entière. Les trois quarts des surfaces de forêt détruites sont liées aux animaux de nos élevages industriels.[iv] En réduisant la production et en repensant nos modes de production, en polyculture élevage extensif et autonomie fourragère et protéique, nous pouvons participer à préserver mieux la planète.
85% des Français se disent prêts à réduire leur consommation de viande
La demande mondiale de viande augmente. Au cours des 50 dernières années, la production de viande a plus que quadruplé et le monde produit désormais plus de 320 millions de tonnes de viande chaque année. Un nombre croissant de Français sont prêts à modifier leur mode de vie pour lutter contre le changement climatique. 85% des Français sont prêts à consommer de la viande moins souvent, mais de la viande un peu plus chère issue d'exploitations plus respectueuses des animaux et de la planète selon une enquête menée par l'IFOP pour CIWF France.[v] Mais la consommation de viandes issues d’élevages industriels ne diminue pas, en premier lieu la consommation de volaille[vi], la plus dépendante des importations de soja, continue d’augmenter. Les élevages de volailles et de porcs consomment respectivement 50% et 24% du soja importé en Europe.
Il est urgent de tenir compte de l'impact des aliments que nous consommons et des impacts de l'élevage intensif sur l'environnement et la santé publique.
Pour Jacqueline Mills, directrice internationale du pôle agriculture pour World Animal Protection : « Notre planète ne peut pas supporter les niveaux actuels de production intensive de viande. Manger moins de viande, et de la viande issue d’élevages plus respectueux du bien-être des animaux - fait partie des solutions pour assurer un mode de vie durable pour les humains et la planète. Les choix que nous faisons en tant que consommateurs peuvent nous aider à lutter contre le changement climatique et à réduire la souffrance animale. Les attentes des consommateurs évoluent rapidement et les marques et les supermarchés doivent répondre aux préoccupations croissantes concernant l'environnement et le bien-être animal. »
Pour Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France : « Faire évoluer nos modes de production agricole et nos modes de consommation n’est plus une option mais une nécessité et une urgence. L’élevage intensif est nocif pour les animaux, mais aussi pour notre planète et notre santé. L’heure n’est plus aux mesurettes. Il faut révolutionner notre modèle agricole et alimentaire, réduire nos consommations de viandes drastiquement et aider les éleveurs et éleveuses dans leurs transitions vers des élevages extensifs. »
A propos de World Animal Protection
World Animal Protection fait bouger le monde pour protéger les animaux depuis plus de 50 ans. World Animal Protection s'efforce de donner aux animaux une vie meilleure. Les activités de l’organisation comprennent la collaboration avec les entreprises pour garantir des normes élevées de bien-être aux animaux dont ils ont la charge ; travailler avec les gouvernements et d'autres parties prenantes pour éviter que les animaux sauvages ne soient cruellement commercialisés, piégés ou tués ; et sauver la vie des animaux et les moyens de subsistance des personnes qui en dépendent en cas de catastrophe. World Animal Protection incite les décideurs à inscrire les animaux à l’ordre du jour et incite les gens à changer la vie des animaux pour le mieux.
Pour en savoir plus sur les campagnes mondiales de protection des animaux, nos actualités et nos succès et pour savoir comment vous pouvez agir pour les animaux : https://www.worldanimalprotection.org/
A propos de CIWF
Créée en 1967 par un éleveur laitier en réaction à l’intensification de l’élevage, CIWF a pour mission d’encourager des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être des animaux et de proposer des alternatives à l’élevage intensif, viables et durables. Son approche pluridisciplinaire met en évidence les liens étroits existants entre bien-être animal, santé publique, sécurité alimentaire et problématiques environnementales. CIWF accompagne les acteurs professionnels de la production à la distribution dans leurs démarches visant à améliorer le bien-être des animaux d’élevage, en leur offrant expertise technique et en valorisant leurs engagements concrets à travers ses Trophées Bien-être Animal. Plus d’informations : www.ciwf.fr et www.agrociwf.fr
Contacts presse
CIWF France : Claire Hincelin – claire.hincelin@ciwf.fr / 06 26 07 55 43
World Animal Protection : Jennifer Black – JenniferBlack@worldanimalprotection.nl (en anglais uniquement)
Sources :
[i] Source IDELE http://idele.fr/index.php?id=313&no_cache=1&tx_atolidelesolr_atolidelesolr%5Bcontroller%5D=IdeleSolr&tx_atolidelesolr_atolidelesolr%5Baction%5D=recommends&tx_atolidelesolr_atolidelesolr%5Bcontent%5D=38488&cHash=5ed34c7034930cdd857f17d242a70905
[ii] https://www.lecese.fr/content/le-cese-adopte-lavis-le-role-de-lunion-europeenne-dans-la-lutte-contre-la-deforestation-importee
[iii] Les avis du CESE, mai 2020 – le rôle de l’Union européenne dans la lutte contre la déforestation importée. Page 17
[iv] https://www.paysan-breton.fr/2020/05/zoonoses-des-pratiques-ecologiques-en-question/ Yann Laurans directeur du programme Biodiversité et écosystèmes
[v] Sondage IFOP réalisé pour CIWF France du 20 au 21 février 2019 sur un échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
[vi] Rapport de FranceAgriMer sur la consommation de produits carnés en 2018. La consommation française de viandes s'est élevée à 5,9 millions de tonnes équivalent carcasse en 2018, soit une augmentation de 3,3 % par rapport à 2017. La viande de porc reste la viande la plus consommée en France, en 2018, un Français en a consommé 31,9 kgec. La volaille est la seconde viande la plus consommée en France, la consommation individuelle s'élève à 29,7 kgec/hab en 2018 et dépasse la viande bovine depuis 2012. Concernant la consommation de viande bovine, en 10 ans, un Français en a consommé 2kg de moins, soit 23,1 kgec en 2018.
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