Publié 02/10/2018
La nouvelle loi agriculture et alimentation vient d’être votée définitivement à l’Assemblée nationale. Cette loi promettait de réformer en profondeur notre modèle agricole et alimentaire : elle est une immense déception. Malgré la mobilisation des citoyens et des ONG, le bien-être animal est l’un des grands perdants de cette loi puisqu’aucune avancée significative n’y figure. Le manque d’ambition du gouvernement est manifeste, tout comme son absence de volonté de faire évoluer les pratiques d’élevage. Alors que le bien-être animal est plébiscité par les Français, un enjeu sociétal majeur, le gouvernement y est sourd.
Un reniement déplorable : exit l’étiquetage des produits issus de l’élevage
Levier essentiel pour permettre au consommateur d’orienter ses achats vers des produits plus respectueux du bien-être animal, cet étiquetage avait été voté en première lecture, grâce à un amendement de Barbara Pompili et co-signé par 46 députés. Pourtant, en deuxième lecture, les amendements visant à réintroduire l’étiquetage du mode d’élevage, après sa suppression par le Sénat, ont tous été rejetés. Pire encore, les amendements déposés par la majorité ont été retirés après discussion, juste avant le vote, empêchant ainsi les députés La REM qui soutenaient la démarche de voter leurs amendements.
Des mini-mesures en faveur du bien-être animal
La version finale de cette loi est bien pauvre en matière de bien-être animal. De nombreux amendements étaient censés améliorer le texte, montrant combien il était creux au départ, mais aucune mesure sérieuse sur le bien-être animal n’a été soutenue par le gouvernement.
Pour ce qui est des lapins et des poules pondeuses, ils resteront en cage. Les amendements visant à fixer une échéance pour interdire cette pratique ont tous été rejetés.
Néanmoins, les députés ont voté à l’unanimité pour l’interdiction d’installation de tout nouvel élevage de poules en cage. Cette mesure, bien que symbolique, montre que le gouvernement considère les cages comme inacceptables, mais pas assez pour les interdire à toute la production... Cette mesure n’aura donc pas d’impact sur les 33 millions de poules pondeuses en France (soit 69% de la production française). Alors que l’Allemagne s’est engagée à mettre fin à aux cages pour 2025, la France traine manifestement à en prendre le chemin.
L’introduction du contrôle vidéo en abattoir a été rejetée, et seul un maigre compromis, mettant en place une expérimentation volontaire, a été adopté. On est loin de l’engagement d’Emmanuel Macron durant sa campagne !
Idem sur les conditions de transport, qui ont encore fait l’objet de scandales cet été : tous les amendements déposés visant à limiter les temps de transport, mieux encadrer le transport en mer ou l’export hors de l’UE, ont été rejetés. Maigre consolation, un amendement demandant un rapport au gouvernement sur l’export d’animaux hors UE a été adopté. L’audit effectué par la Commission européenne et dévoilé au printemps dernier avait déjà mis le doigt sur les dysfonctionnements, non conformités et manquements nombreux. Ce n’est plus l’heure des rapports mais des mesures concrètes.
Menu végé : une légère avancée pour une consommation plus responsable
Une expérimentation pour deux ans de menus végétariens au moins une fois par semaine dans les cantines scolaires servant plus de 200 repas par jour a été intégrée à la loi. Apprendre à consommer « moins mais mieux » est un levier essentiel pour améliorer le sort des animaux d’élevage encore pour 80% d’entre eux élevés en élevage intensif en France en 2018. Avec l’introduction de 20% de produits issus de l’agriculture biologique dans la restauration collective, c’est un pas en avant vers une alimentation plus durable et plus respectueuse du bien-être animal.
Au final, pour Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France : « Ce texte crucial sur l’agriculture et donc l’élevage en France était l’occasion d’enfin affirmer la volonté de mettre le bien-être animal au cœur des pratiques. Le bien-être animal n’est plus une option, mais une nécessité économique, sociale et environnementale. Ce rendez-vous est clairement manqué. Il nous faut œuvrer pour un grand texte sur le bien-être animal qui répondrait enfin aux attentes des Français ».
Contact presse
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