Publié 06/11/2017
Paris, le 06 novembre 2017 – Demain à Digoin (71) se tiendra une manifestation contre la ferme dite des « 4000 bovins ». Ce centre de quarantaine servira à rassembler et préparer les animaux au grand export et notamment vers la Turquie. CIWF s’oppose à ce projet et dévoile ce jour une nouvelle enquête illustrant, à nouveau, les conditions inacceptables de transports d’animaux vivants, avec des images tournées à la frontière turque fin aout. Il s’agit bien là du même sort qui attend les animaux français après parfois 4000 km de souffrance.
Année après année, les conditions de transport et d’attente à la frontière ne s’améliorent pas. La France mise actuellement sur le redémarrage des exportations vers ce pays bien que les souffrances des animaux soient inévitables. La France doit cesser les exportations hors de l’Union Européenne.
10 jours d’enquête à la frontière turque
Chaque année, plus de 3 millions d’animaux sont exportés hors de l’Union Européenne, la Turquie étant la destination finale pour 320 000 d’entre eux. Bloqués à la frontière turque pendant plusieurs jours, ces animaux restent entassés dans les camions ayant servi à leur périple.
En août 2017, les enquêteurs de CIWF se sont rendus durant 10 jours à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie afin d’inspecter les camions chargés d’animaux européens. Leur récit dévoile les nombreuses infractions à la réglementation européenne 01/2005 : camions surchargés, systèmes d’abreuvement défaillants ou inadaptés, ventilation cassée, températures largement dépassées… CIWF a transmis aux autorités concernées un rapport détaillé des infractions constatées et appelle le gouvernement français à cesser les exportations hors de l’Union Européenne.
Vidéo de l’enquête : https://www.youtube.com/watch?v=EhkgM302MLg
Pétition de CIWF : ciwf.fr/Transports
Pour Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France, « La réglementation sur le transport des animaux vivants hors de l’UE est trop souvent ignorée et impossible à respecter et contrôler. Au vu des infractions récurrentes constatées lors des enquêtes, il est indispensable de remplacer les transports d’animaux vivants par celui de la viande.»
De multiples infractions à la réglementation européenne
Nos enquêteurs ont vu des camions chargés de moutons ou de vaches, avec des plafonds si bas que le dos des animaux le touchait, ne laissant aucune marge aux animaux pour relever la tête. Des camions dont les systèmes d’abreuvement et de ventilation ne fonctionnent pas, et dans lesquels les températures dépassent largement les 35 degrés, limite maximale autorisée. Déshydratés, les animaux en viennent à boire dans la litière souillée d’excréments. Certains camions ont des cloisons mal conçues, les animaux s’y coincent les pattes, restant parfois bloqués ainsi durant tout le trajet, ou des bords tranchants sur lesquels ils peuvent se blesser. Les animaux malades ou blessés sont laissés à leur propre sort. Ceux succombant à leurs souffrances sont laissés tels quels au milieu de leurs congénères. Les enquêteurs ont trouvé dans les camions des animaux morts en état de décomposition, dévorés par les vers.
Les contrôles sont rares et non suivis de sanctions.
Les contrôles touchent moins de 1% des transports. Les sanctions sont très rares, puisqu’il n’existe pas à ce jour de base légale pour sanctionner certaines des infractions au Règlement 1/2005. Ce règlement précise par exemple clairement l’obligation de décharger les animaux à intervalles réguliers pour une période de repos. Cette obligation est pourtant souvent non appliquée, faute de lieux disponibles aux frontières pour décharger les animaux.
Lors de notre enquête, le poste de frontière disposait d’une voie dédiée aux animaux vivants afin d’accélérer les temps de trajet ; mais durant nos 10 jours sur place nous avons constaté qu’il n’y avait pas d’employé pour la gérer. Les camions chargés d’animaux vivants devaient donc rester dans la longue queue sur la voie des contrôles standards. Les documents nécessaires pour que les animaux puissent passer la frontière sont souvent manquants ou incomplets, entraînant des retards importants. Les transports de ces animaux ne se comptent alors plus en heures mais en jours, enfermés dans les camions sans pouvoir sortir, en infraction complète avec la réglementation.
Et après avoir passé la frontière, le calvaire continue pour encore de nombreuses heures ou de nombreux jours, par camions ou bateaux.
La France a la ferme intention de reprendre ses exportations vers la Turquie avant la fin de l’année 2017, et le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, affirme qu’il est nécessaire de préserver les exportations hors UE. La filière française espère elle dépasser les 200 000 bovins par an. Pourtant, quelles sont les garanties données pour la protection de nos animaux ? CIWF demande la fin des exportations hors de l’Union européenne.
Signer la pétition : ciwf.fr/Transports
Manifestation organisée par la Confédération paysanne contre la ferme dite des « 4000 bovins »: rendez-vous mardi 7 novembre 2017 à 10H00 Place de la grève à Digoin
20171106DPTransportsTurquie.pdf: