Publié 07/01/2016
Alors que 2 élevages sur 3 dans le monde sont industriels, CIWF se félicite du thème du Salon de l’Agriculture de 2016 « Agriculture et alimentation citoyennes » car le chemin est encore long pour y parvenir. Mauvais pour les animaux, dangereux pour les hommes et la planète, les impacts négatifs et coûts cachés de l’élevage industriel sont immenses et souvent ignorés.
S’interroger sur l’agriculture et la consommation citoyenne, via les axes économiques, sociaux et environnementaux est nécessaire. Prendre des mesures fortes pour faire évoluer les modèles de production et de consommation est indispensable.
Axe sociétal : « bousculer les habitudes et éveiller les consciences "*
Souvent vu comme une solution efficace et peu chère pour nourrir notre planète, en réalité, l’élevage industriel casse nos systèmes alimentaires. Alors que 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde** , plus du tiers de la récolte mondiale de céréales est destinée à nourrir les animaux d’élevage et non les hommes. Ce système n’est ni efficient, ni durable, ni citoyen, ni moralement acceptable et les consommateurs le rejettent massivement. Pour preuve, 92% des Français*** aimeraient un étiquetage sur la viande et les produits laitiers en fonction du mode d’élevage, comme celui existant pour les œufs. En attendant cet étiquetage, CIWF propose un guide consommateur aux citoyens pour les aider dans leurs choix de consommation.
Axe économique : les vrais coûts de l’élevage industriel
Les élevages intensifs donnent priorité à la production sur tout le reste, créant ainsi de gigantesques quantités de viande, de lait et d’œufs apparemment bon marché. Les coûts « cachés », comme l’impact écologique et les conséquences sur la santé humaine, sont à la charge du contribuable et des générations futures et ne sont pas reflétés dans le prix de vente du produit pour le consommateur.
Une économie qui ne tient pas compte de ces coûts externes donne l’illusion que la viande produite de manière industrielle est « bon marché », alors qu’elle constitue en réalité un lourd tribut pour la société dans son ensemble. Nous devons prendre en compte tous les aspects du système agro-alimentaire, particulièrement le bien-être animal, la qualité nutritionnelle des aliments ou encore l’impact sur l’environnement.
Axe environnemental : stocker le carbone dans les sols ne suffira pas
L’élevage des animaux est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre, soit plus que les transports (14%). Cet impact sur l’environnement est loin d’être le seul. L’élevage industriel dépend fortement de grandes quantités de ressources précieuses, telles que l’eau et l’énergie. La culture des céréales et soja destinés à l’alimentation animale appauvrit la terre et engendre une intensification des monocultures avec fort usage de produits phytosanitaires. Sans compter la pollution des terres et des eaux, la déforestation et la perte de la biodiversité. Un geste simple serait de réduire de moitié notre consommation de viande, œufs et produits laitiers en Europe. Cela permettrait une réduction de 25 à 40% de nos émissions de gaz à effet de serre.****
Pour Leopoldine Charbonneaux, Directrice de CIWF France
Il n’y a rien de citoyen dans l’élevage industriel. Y faire face est une opportunité unique de résoudre certains problèmes mondiaux en matière d’économie, d’environnement et d’éthique. Nous avons besoin d’une approche rationnelle pour nourrir la planète. Une approche de bon sens qui mette fin à la concurrence entre les hommes et les animaux d’élevage pour l'alimentation. Nous avons besoin d’une révolution alimentaire et agricole, qui fournisse une nourriture saine et abordable pour tous, produite à partir de systèmes d’élevage qui respectent les hommes et les animaux, qui soutiennent les moyens de subsistances ruraux et réduisent la pauvreté, qui protègent la planète et ses ressources.
* SIA 2016, edito de Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt
**FAO, 2015 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2015.
***Sondage Qa Research pour CIWF en 2013. Echantillon de1001 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.
****Westhoek H et al, 2014. Food choices, health and environment: Effects of cutting Europe’s meat and dairy intake. Global Environmental Change, Vol 26, May 2014 p196-205. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378014000338
2016_01_07_CP_Salon Agriculture_theme.pdf: