Rapport d'impact 2022/2023

Grâce à vous, en 2021, suite à l’initiative citoyenne européenne signée par 1,4 million de citoyens, la Commission européenne s’est engagée à publier un projet de législation visant à mettre fin à l’élevage en cage des porcs, des poules, des veaux, des lapins, des canards, des oies et des cailles.

Plus de 80 % des membres du Parlement européen ont voté en faveur de la fin de l’élevage en cage.

Des études menées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’organe scientifique de l’UE, ont recommandé que les poules, les canards, les oies, les cailles et les veaux ne soient plus élevés en cage ou en enclos individuels. 

Mais le 13 septembre 2023, dans son discours sur l’état de l’Union européenne, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a fait une volte-face scandaleuse : avec un silence assourdissant sur cet engagement historique, elle a laissé supposer que la Commission européenne pouvait mettre en veilleuse l’interdiction promise.

Ce mépris pour les scientifiques et citoyens qui soutiennent à une écrasante majorité cette interdiction renforce notre détermination à lutter contre les lobbys de l’élevage industriel lesquels, en prônant le statu quo, n’aident aucunement les éleveurs à se préparer à l’avenir, et à libérer les 300 millions d’animaux d’élevage qui subissent chaque année l’enfer des cages.

Bien sûr, nous n'abandonnerons jamais le combat. L'élevage en cage est l'une des pires pratiques de l'élevage intensif, nous nous battrons et viderons les cages jusqu'à la dernière. 

• En France, CIWF a rassemblé autour d'elle 8 autres organisations de protection animale, et pas les moindres, pour mener, ensemble, une action en justice contre gouvernement français et acter la fin des cages pour les poules pondeuses. Le Conseil d'Etat a récemment décidé de ne pas suivre l'avis du rapporteur public et de reporter la fin des cages. Pour autant, tout espoir n'est pas perdu. Il appartient au Gouvernement de tenir sa promesse en engageant dès à présent l'inéluctable transition hors-cage des élevages avicoles. La France en a les moyens.
• Toujours en France, notre pression a été sans relâche, nous avons notamment remis en main propre au Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire rue de Varenne une pétition adressée au Ministre et signée en quelques mois seulement par plus de 100 000 citoyens français, avec une cage contenant une centaine de dessins d’enfants illustrant leur vœu de sortir les animaux d’élevage des cages.
• Au Royaume-Uni, près de 400 000 signatures ont été remises aux gouvernements de Westminster et de Holyrood, appelant les ministres à mettre fin à l'âge de la cage.

• Aux États-Unis, nous avons célébré une belle victoire lorsque la Cour suprême, en rejetant le recours de l’industrie porcine contre la « Proposition 12 » de la Californie, a confirmé l’interdiction californienne de produire ou de vendre de la viande de porc, de veau ou d’œufs provenant d’animaux qui ne disposent pas d’un espace minimum. Cette décision contribuera à protéger de la cruauté des cages des millions d’animaux chaque année.
  
  
  En savoir plus

L’année 2023 a été marquée par quatre grandes victoires pour le mouvement mondial contre le commerce inacceptable d’animaux d’élevage vivants :

1. L’interdiction historique par la Nouvelle-Zélande de toutes les exportations d’animaux vivants par voie maritime est entrée en vigueur en avril.
2. L’Allemagne a désormais interdit toutes les exportations hors Union Européenne de bovins, d’ovins et de caprins vivants.
3. Le gouvernement australien s’est engagé à supprimer progressivement les exportations d’ovins par voie maritime.
4. Enfin, un juge brésilien a interdit les exportations de bovins vivants dans tous les ports du pays.

Lors de la Journée internationale de sensibilisation du 14 juin, plus de 120 organisations de plus de 30 pays et leurs militants ont uni leurs forces pour faire interdire les exportations d’animaux vivants. Dans le monde entier, les gens sont descendus dans la rue pour aider à mettre fin à la souffrance des animaux transportés sur de longues distances dans les camions et les bateaux. Et sur les réseaux sociaux, le hashtag #BanLiveExports a eu une portée de plus
de 41 millions de vues !

Malheureusement, suite à la pression exercée par 8 États membres de l’UE et par les lobbys de l’agro-industrie, la révision de la législation sur le bien-être animal par la Commission européenne n’a pas abouti à une proposition d’interdiction des exportations d’animaux vivants en dehors de l’UE.

Toutefois, plusieurs pays - dont l’Allemagne et le Luxembourg - restent déterminés à mettre fin à cette pratique dans l’ensemble de l’UE.

Et même la Cour des comptes européenne, l’organe de surveillance financière de l’UE, estime que les transports d’animaux vivants devraient être réduits.

C’est pourquoi, avec votre soutien, nous poursuivons la campagne à Bruxelles et dans les différents États membres pour mettre fin à ce commerce.

Dans le cadre de notre campagne « Parlons poissons », vous initiez à nos côtés le combat pour remédier à l’absence sidérante de mesures de protection des poissons dans la législation européenne.

En décembre dernier, avec WeMove et Essere Animali, nous avons remis plus de 150 000 signatures à la Commission européenne, l’exhortant à adopter de nouvelles règles en matière de protection des poissons.

Nous avons également publié un important rapport scientifique intitulé « Repenser l’aquaculture européenne pour les poissons, les êtres humains et la planète », qui plaide en faveur d’une aquaculture plus durable et plus respectueuse du bien-être des poissons. Et pour la première fois, notre enquête sur les supermarchés comportait des questions relatives au poisson d’élevage.

CIWF joue également un rôle de premier plan dans la lutte contre le premier projet commercial d’élevage de pieuvres au monde. Nous faisons pression sur le gouvernement local des îles Canaries pour qu’il bloque le projet et, avec nos alliés européens, nous demandons à l’UE d’interdire ce commerce cruel, absurde et nuisible à l’environnement, avant qu’il ne prenne de l’ampleur.

Aux États-Unis, les autorités de l’État d’Hawaï ont ordonné à un élevage de pieuvres, qui fonctionnait sous le couvert d’une attraction touristique et d’un centre de recherche, de cesser ses activités. La commission de l’agriculture et des ressources naturelles de la Chambre des représentants de l’État de Washington a présenté un projet de loi visant à interdire l’élevage de pieuvres dans l’État. C’est un premier pas mais l’élan pour protéger ces créatures si particulières se propage.

L’utilisation abusive de médicaments pour maintenir les animaux en vie dans des conditions inadaptées est monnaie courante. En tant que membre fondateur de l’Alliance pour sauver nos antibiotiques, CIWF a véritablement initié le mouvement pour mettre fin à l’utilisation de ces médicaments qui soignent surtout l’élevage industriel.

Vous avez déjà contribué à l’adoption d’une législation européenne qui rend illégale l’utilisation systématique d’antibiotiques par les éleveurs pour prévenir les maladies. En 2023, nous avons célébré une avancée majeure au Royaume-Uni : le gouvernement a lancé une consultation sur le renforcement des règles relatives à l’utilisation des antibiotiques dans les élevages.

Si ces propositions aboutissent à une législation, l’utilisation systématique d’antibiotiques sera interdite, de même que l’utilisation d’antibiotiques « pour compenser un manque d’hygiène, un élevage inadéquat ou de mauvaises pratiques de gestion agricole ».

Près de 600 entreprises dans le monde, dont près de 120 en France, se sont engagées à utiliser des souches de poulets de chair à croissance plus lente élevés dans de meilleures conditions, en rejoignant la démarche Better Chicken Commitment (BCC). Le nombre d’entreprises membres de notre groupe de travail américain qui collaborent à l’amélioration du bien-être des poulets est ainsi passé de sept à vingt.

Ces entreprises sont tenues de nous rendre compte chaque année de leurs avancées effectives en matière de BCC et notre outil ChickenTrack permet ce suivi. Le dernier ChickenTrack américain a montré que le nombre d’entreprises faisant état de progrès par rapport à leurs engagements a plus que triplé.

En outre, le tout premier ChickenTrack européen a  confirmé que 100 % du poulet frais dans les supermarchés REMA en Norvège et M&S au Royaume-Uni provient désormais d’oiseaux élevés selon des standards plus respectueux du bien-être animal.

En France, ChickenTrack a souligné que plus de 50 % du poulet frais à marques distributeurs vendu chez Carrefour répond déjà à tous les critères en élevage du BCC.

Chaque année, nous suivons les performances des grandes entreprises alimentaires qui s’engagent en faveur des poules pondeuses hors-cage. Le sixième rapport annuel EggTrack, l’outil que nous avons mis en place pour suivre les grandes entreprises dans le monde entier, révèle que, malgré les défis économiques actuels majeurs, les changements vont dans le bon sens pour les animaux.

Ce rapport montre que 75 % des 232 entreprises suivies font état de progrès dans l’élimination des cages pour les poules, et qu’en moyenne, près de 80 % des œufs utilisés ou produits par ces entreprises proviennent d’animaux vivant en liberté.

Par ailleurs, huit entreprises ont pris de nouveaux
engagements mondiaux en faveur de l’absence de
cages, dont Pizza Express et Yum !

Et huit autres entreprises ont également fait état d’un taux de conformité de 100 % avec les engagements pris au niveau européen en matière d’œufs de poules élevées en cage.

En France, ce sont 48 entreprises françaises sur 54 (89 %, contre 68 % en 2020) qui ont rendu compte de leurs progrès de manière transparente. Parmi elles, 4 acteurs ont annoncé avoir atteint leur objectif 100 % hors-cage pour au moins une catégorie d’œufs (Lactalis, API Restauration, Mamie Nova, Columbus Café).

Enfin, 24 entreprises se sont clairement prononcées contre l’utilisation de « systèmes combinés » qui, d’un simple geste de la main, peuvent se transformer en cage. Vous avez déjà contribué à empêcher l’adoption des cages combinées au Royaume-Uni. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises dans le monde tournent le dos à ce dispositif cruel contraire à l’éthique qu’est la mise en cage des poules.

Les progrès des entreprises en matière de bien-être animal dépendent également de la clarté des informations affichées sur les produits. Si les consommateurs ont la possibilité de choisir selon le mode d’élevage, ils ont le moyen d’agir en faveur des élevages plus durables.

Lorsque l’Union européenne a exigé que le mode d’élevage des poules soit affiché sur les emballages des œufs, la demande d’œufs de poules élevées hors-cage a augmenté. Aujourd’hui, au sein de l’UE, plus de la moitié des poules d’élevage sont hors-cage.

Sans attendre le législateur, nous veillons à ce que l’industrie affiche sur ses produits une information
claire et fiable. Grâce à votre soutien, nous avons ainsi
contribué cette année en France à déployer le système
d’étiquetage Étiquette Bien-Être Animal®. Par ailleurs, plus de 100 entreprises françaises testent actuellement Planet-Score®, un système d’étiquetage environnemental innovant à l’élaboration duquel nous avons contribué en 2021, et qui pourrait devenir le modèle d’affichage de référence.

En 2023, CIWF a réuni décideurs politiques, chefs d’entreprise, ONG, agriculteurs et scientifiques à l’occasion de la conférence « Extinction ou régénération », organisée conjointement avec
IPES-Food (le groupe international d’experts sur les systèmes alimentaires durables), l’Institute of Development Studies et d’autres partenaires. Des centaines de délégués ont participé à la conférence à Londres et en ligne.

Nous avons réuni des experts dans des domaines variés tels que la science des sols, la justice alimentaire, le développement durable ou les protéines alternatives pour étudier les menaces que fait peser notre système alimentaire actuel, et pour parler solutions et transitions vers une agriculture régénératrice.

Réduire la surconsommation de protéines animales fait partie de la combinaison de solutions. Ce n’est pas aussi difficile que certains le prétendent et cela permet à terme de réduire l’impact massif sur la souffrance animale, la déforestation, les émissions de gaz à effet de serre… Il faut « arrêter d’en faire
des tonnes » !

Déployer les outils financiers que les gouvernements peuvent utiliser pour rendre les aliments sains abordables fait également partie des solutions.

Notre campagne exhortant les dirigeants du monde entier à mettre un point final à l’élevage industriel a pris de l’ampleur en 2023.

Après son lancement lors de la conférence des Nations
unies sur le climat COP27 en 2022, notre pétition appelant à un accord mondial des Nations unies sur l’alimentation et l’agriculture a déjà recueilli plus de 300 000 signatures dont 70 000 en France, et le nombre augmente chaque jour.
Notre campagne mondiale END.IT a reçu le soutien de
plus de 200 personnalités du monde entier (scientifiques, universitaires, chefs d’entreprises, acteurs…) comme la célèbre éthologue et anthropologue britannique Jane Goodall, ou les acteurs hollywoodiens tels que le britannique Brian Cox ou la française Eva Green.

Convaincants, nos arguments en faveur de la responsabilisation des acteurs de l’élevage industriel gagnent du terrain sur le plan politique.

Grâce à notre travail au sein de coalitions à Bruxelles,
l’UE a adopté une nouvelle loi innovante exigeant que
les entreprises travaillant dans les zones à fort taux de
déforestation certifient que leurs produits n’ont pas
endommagé les forêts. Cette loi s’applique à des produits tels que le soja utilisé pour l’alimentation animale.

CIWF reste également à l’avant-garde des efforts déployés pour lutter contre les menaces de maladies posées par les élevages industriels, où les conditions de surpopulation et de stress créent un terrain propice à la prolifération de bactéries et de virus dangereux.

En 2022, aux côtés de l’association Quatre Pattes, de la
Fondation Born Free et de Proyecto Animales Latino
América, nous avons remis aux responsables de l’Organisation mondiale de la santé une liste de près
de 600 000 citoyens souhaitant la fin de l’élevage industriel afin de réduire le risque de pandémies futures.

En 2023, nous avons intensifié cette campagne face
à la crise mondiale dévastatrice de la grippe aviaire.
Nous avons publié un rapport inédit expliquant comment l’émergence et la propagation de la grippe aviaire hautement pathogène sont liées à l’élevage intensif.

Nous exhortons les ministères de l’agriculture et le secteur de la volaille à travailler avec l’Organisation mondiale de la santé animale et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture afin d’introduire de toute urgence des réformes clés. C’est essentiel pour lutter contre la grippe aviaire, protéger les oiseaux et prévenir la menace d’une nouvelle pandémie de grippe humaine.