Quelles volailles choisir pour consommer de manière responsable et durable ? Voici tous nos conseils.
Les volailles regroupent plusieurs espèces d’oiseaux domestiques, comme les poules, chapons, dindes, pintades, canards et oies… qui partagent certains besoins comportementaux communs. Ce sont des animaux sociaux et actifs qui, dans des conditions naturelles, explorent leur environnement, grattent le sol, prennent des bains de poussière et établissent des hiérarchies sociales.
Pour s’épanouir, ces animaux ont besoin :
- De liberté de mouvement pour battre des ailes ou courir sur de grandes distances, mais aussi pour interagir plus facilement avec les congénères
- D’un environnement riche permettant de rechercher leur nourriture et d’interagir socialement.
- D’un environnement adapté notamment concernant le sol, évitant blessures et douleurs.
Ces comportements essentiels sont souvent impossibles dans les systèmes d’élevage intensifs.
Bien choisir son poulet

De toutes les volailles consommées, le poulet de chair arrive très largement en tête. En 2023, la consommation moyenne de viande de volaille en France s'élevait à 31,6 kg par an et par habitant, dont 24,9 kg de poulet à lui seul[1].
Lors de vos achats, que ce soit un poulet entier ou des découpes de poulet, crus ou rôtis, ou en plats préparés ayez le réflexe "plein air". Pour avoir la certitude qu’un poulet ait été élevé en plein air, sélectionnez les labels et mentions suivantes :
- Poulets Label Rouge
- Poulets Biologiques
- Poulet « Fermier »
- Poulet « En liberté »
- Poulet « Plein air »
Attention : les Poulets de Bresse AOC sont élevés en plein air durant 9 semaines, puis engraissés entre 10 et 15 jours dans une épinette (petite cage).
Comparaison des modes d’élevage des poulets de chair
Ce tableau récapitulatif des conditions d’élevage en intensif, en Label Rouge et en Agriculture Biologique vous permet de les comparer facilement. Les conditions d’élevage des différents types de poulets fermiers sont relativement similaires.
Mode de production | Poulet standard | Poulet certifié | Poulet Label Rouge | Poulet Agriculture Biologique |
---|---|---|---|---|
% de la production française | 81% | 5% | 13% | 1% |
Nombre de poulets | Pas de limite, jusqu'à 40 000 poulets dans un bâtiment | Pas de limite | 4 400 poulets par bâtiment maximum | 4 800 poulets par bâtiment maximum |
Souche génétique | Souche à croissance rapide | Souche à croissance intermédiaire | Souche rustique à croissance lente | Souche rustique à croissance lente |
Âge d'abattage | 32 à 40 jours | 56 jours minimum | 81 jours minimum | 81 jours minimum |
Type d'élevage | En claustration | En claustration avec lumière naturelle (et parfois jardin d'hiver) | En plein air ou en liberté | En plein air sur un parcours conduit selon les principes de l'agriculture biologique |
Taille du poulailler | Pas de norme (jusqu'à 2000 m²) | Pas de limite | 400 m² maximum | 480 m² maximum |
Densité dans le poulailler | Jusqu'à 22 poulets/m² | 18 poulets/m² maximum | 11 poulets/m² maximum en intérieur | 10 poulets/m² maximum en intérieur |
Espace en plein air | Aucun | Aucun | 2m²/poulet en appellation "plein air", illimité en "liberté" | 4m² par poulet |
En savoir plus sur les conditions d'élevage des poulets de chair.
Comment choisir les autres volailles ?

En France, 8 volailles sur 10 consommées sont des poulets (78,7 %), suivis par la dinde (11,6 %), le canard (8,2 %) et d'autres espèces comme la pintade, le pigeon et l'oie (1,53 %)[2]. La majorité des canards, des dindes, des pintades sont élevés dans des systèmes intensifs.
Les volailles en élevage intensif sont élevées dans des bâtiments surpeuplés, sans accès à l’extérieur, où elles vivent à des densités élevées qui rendent impossible tout comportement naturel.
Les dindes et pintades élevées sous les labels Agriculture Biologique, Label Rouge, ou portant la mention "fermier élevé en plein air", bénéficient de meilleures conditions d’élevage :
- Densités réduites, permettant plus de liberté de mouvement.
- Accès à un parcours extérieur, essentiel pour leur bien-être.
- Une alimentation plus naturelle
CIWF recommande de privilégier ces labels ou la mention "fermier élevé en plein air" pour limiter les souffrances animales en garantissant une qualité de vie supérieure aux volailles.
Pour avoir la mention « fermier », une volaille doit être bio, Label Rouge ou AOC.
Attention aux chapons et poulardes
Le chapon est un poulet (ou pintade) mâle castré avant d’avoir sa maturité sexuelle, dans le but d’obtenir une chair tendre et grasse. Sa production repose sur une mutilation brutale :
- La castration, effectuée sans anesthésie, provoque des douleurs intenses, des infections et un stress important pour les animaux.
- De plus, dans certaines exploitations, les crêtes et barbillons seraient également coupés à vif en cas d’échec de la castration. Cette pratique existe pour cacher de "faux-chapons", ce qui compromettrait sa commercialisation comme produit de qualité. Il s’agit d’une pratique visant à maximiser la rentabilité au détriment total du bien-être animal.
Les poulardes, quant à elles, sont de jeunes poules qui n’ont pas encore pondu ou qui ont été mutilées pour retirer leurs ovaires. L’objectif est le même que pour les chapons : rendre leur chair plus tendre et grasse.
En élevage standard, les chapons et les poulardes sont confinés en permanence en bâtiment à forte densité, sans accès à l’extérieur. Même dans les systèmes Label Rouge, les animaux subissent la même mutilation sans anesthésie et une phase d’engraissement dans des bâtiments fermés pendant deux à quatre semaines, juste avant l’abattage.
Dans les élevages « de Bresse », la situation est encore plus critique : les chapons et poulardes passent la période de finition dans des cages à très haute densité, appelées "épinettes", où ils sont obligatoirement dégriffés, une mutilation supplémentaire imposée par le cahier des charges lui-même[3].
Quel que soit le mode de production, ces conditions ignorent totalement le bien-être animal. CIWF recommande de ne pas acheter de chapons ni de poulardes, et d’opter pour des alternatives respectueuses du vivant.
Canards et oies : foie gras et magrets
Le magret de canard ou d’oie est un filet de viande découpé dans la poitrine d'une oie ou d'un canard engraissé par gavage, comme pour le foie gras.
La technique de gavage étant particulièrement cruelle. Cette méthode consiste à enfoncer un tube métallique (embuc) de 20 à 30 centimètres dans l’œsophage des canards ou des oies pour leur administrer, deux fois par jour, de grandes quantités de nourriture. À chaque gavage, jusqu’à 450 g de maïs sont injectés en quelques secondes, provoquant une hypertrophie massive du foie, qui atteint dix fois sa taille normale. Cette croissance, appelée stéatose hépatique, rend les animaux malades, leur causant des halètements, des diarrhées, et des difficultés à respirer ou à se déplacer. Le gavage est une pratique violente qui provoque fréquemment des lésions dans l’œsophage, des candidoses, et parfois des perforations mortelles.
À cela s’ajoutent les mutilations systématiques : les oisillons sont épointés et dégriffés, et généralement seuls les mâles sont conservés, car les foies des femelles sont jugés moins qualitatifs (plus petits et innervés). En conséquence, des millions de canetons femelles sont éliminés chaque année par broyage ou gazage.
En 2023, la France a gavé plus de 18 millions de canards et 78 000 oies[4], représentant environ 60 % de la production mondiale de foie gras[5]. Bien que cette pratique soit explicitement interdite par la Directive européenne 98/58/CE, qui stipule que « Aucun animal n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles », la France, ainsi que la Hongrie, la Bulgarie et l’Espagne, bénéficie d’une dérogation permettant de maintenir le gavage.
Par ailleurs, la législation française impose des critères précis pour l’appellation "foie gras" : un foie de canard doit peser au moins 300 g et celui d’une oie 400 g. Ces standards rendent le gavage obligatoire, excluant toute possibilité d’alternative réellement éthique, comme le foie produit sans gavage, qui ne peut légalement recevoir la dénomination « foie gras ». Cela pose des obstacles majeurs à sa reconnaissance par les consommateurs et limite sa valorisation sur le marché. Cette contrainte légale perpétue une pratique incompatible avec les principes fondamentaux du bien-être animal et freine le développement de solutions plus respectueuses.
La production de foie gras est emblématique d’une industrie qui ignore délibérément les souffrances animales.
CIWF encourage à ne pas acheter de foie gras, ni de magret et de confit de canard (qui sont issus de l’industrie du gavage) et à privilégier des alternatives éthiques, comme les produits sans gavage ou végétaux.
Agir avec nous
À l’heure actuelle, notre système alimentaire porte atteinte à tous les animaux d'élevage, à la santé humaine, à l’environnement et menace ainsi l’avenir de notre planète.
Pour œuvrer en faveur d’un système d’élevage plus respectueux du bien-être animal, appelez les dirigeants du monde entier à conclure à un accord global des Nations Unies pour transformer notre système alimentaire et mettre fin à l'élevage intensif.

[1] & [2] ANVOL, dossier de presse février 2025 : La volaille devient la viande la plus consommée du pays.
[3] Cahier des charges de l'appellation d'origine « Volaille de Bresse » ou « Poulet de Bresse » ou « Poularde de Bresse » ou « Chapon de Bresse ».
[4] Agreste, 2024 : La Statistique agricole annuelle (données 2023).
[5] FranceAgriMer, 2024 : fiche filière foie gras.