08/03/2015
La chèvre est un animal social dont les relations sont particulièrement fascinantes. Savez-vous, par exemple, que chez la chèvre férale (chèvre domestiquée revenue à l'état sauvage ; on peut en croiser dans les Alpes ou les Pyrénées) les jeunes se regroupent entre eux et se gèrent tout seuls, alors qu'ils ne sont même pas sevrés !
On appelle ce phénomène une « crèche ». Formée de mâles et de femelles de différents âges, elle est d'autant plus surprenante qu'on y voit aucune mère : les chevreaux s'auto-gèrent ! Ce mini-troupeau dans le troupeau n'est pas anodin, il représente le début d'une étape très importante dans le développement du petit : le sevrage. En effet, depuis l'âge d'une semaine jusqu'à trois mois, le chevreau tète de moins en moins ; mais aussi, et surtout, il apprend à gérer les relations sociales avec les autres membres du troupeau. Et chez la chèvre, ce n'est pas simple. Il faut trouver sa place dans la hiérarchie, apprendre les réactions des dominants et des subordonnés ou encore connaître le leadership (cette capacité, bien connue chez les moutons, consiste à ce qu'un « meneur » dirige les « suiveurs » sur une ou plusieurs actions).
En élevage laitier, les chevreaux sont séparés de leur mère précocement (à la naissance ou quelques jours plus tard, selon les pratiques). Les chevrettes (petites femelles destinées à devenir laitières) grandissent alors ensemble et sont nourries à la « louve » (grande cuve de lait munie de plusieurs tétines). Ces groupes artificiels sont-ils considérés comme des « crèches », du point de vue des chevrettes, dans toute sa complexité et son rôle d'apprentissage social ?
Encore une fois, l'observation des individus sauvages nous aide à mieux comprendre les animaux domestiques, pour mieux les respecter.
Auteur : Aurélia