09/12/2014
La souche hautement pathogène de grippe aviaire H5N8 est un problème à ne négliger sous aucun prétexte, mais réagir de manière impulsive et disproportionnée pourrait bien compromettre le bien-être de millions d’animaux.
Généralement, lorsqu’une épidémie de ce type se déclare, le réflexe est de cloîtrer les animaux à risque afin d’éviter leur contamination par les individus sauvages. Dès lors, pour tous les volatiles jusque-là élevés en plein air et libres d’exprimer leurs comportements naturels, les portes des élevages se ferment, la vie en cage commence.
Si l’on y réfléchit bien, est-il logique d’enfermer tous les animaux sous prétexte que l’on cherche à éviter une contamination ? Les confiner de la sorte fait naître chez eux une réaction de stress avec pour conséquence un affaiblissement de leur système immunitaire et donc une probabilité accrue de tomber sous le coup d’une infection. Cette augmentation du risque de transmission entre individus confinés augmente également le risque de mutation du virus. De fait, on réunit toutes les conditions favorables pour qu’un virus exclusivement pathogène chez l’animal le soit finalement pour l’homme.
Les oiseaux sauvages sont eux aussi porteurs de la grippe aviaire, mais les souches qui les concernent sont généralement peu pathogènes. Par conséquent, les tenir responsables des épidémies virulentes touchant les élevages européens est parfaitement injustifié. Rappelons que la souche de grippe aviaire découverte aux Pays-Bas et au Royaume-Uni est hautement pathogène. S’il est vrai que les oiseaux sauvages peuvent également être touchés par cette souche virulente, il est très peu probable qu’ils puissent y survivre suffisamment longtemps pour la transmettre à qui que ce soit. Nous nous opposons donc formellement à toute directive exigeant le confinement des volatiles élevés en plein air.
Il est impératif de pouvoir garantir un système agro-alimentaire respectueux à la fois de notre santé et de celle des animaux qui nous entourent. Pour lutter efficacement contre les risques d’infection, des solutions existent : élever les volailles dans des conditions les moins stressantes possible, garantir une densité de peuplement adaptée et opter pour un mode d’élevage en plein air permettant de tenir les oiseaux sauvages à distance.
Mettre en place des élevages intensifs à proximité les uns des autres ne fait qu’augmenter le risque de contamination, quelle que soit l’espèce concernée. Les récentes épidémies montrent d’une part que les volailles élevées en plein air ne sont pas vectrices d’épidémies et d’autre part que les oiseaux sauvages peuvent être porteurs de souches sans conséquence pour leur santé. Le problème vient donc du nombre toujours plus grand d’élevages intensifs sur le sol européen.
Le Dr Aysha Akhtar, neurologue, médecin spécialiste de santé publique et membre de l’Oxford Centre for Animal Ethics, résume la situation en ces mots : « En confinant des milliards d’animaux dans des élevages intensifs, l’homme a créé des milieux propices au développement rapide de virus mortels et hautement infectieux sur l’ensemble de la planète ».
Auteur : Philip Lymbery, Directeur de CIWF International