13/11/2014
CIWF a participé au colloque tenu à la Royal Society of Medicine (RSM) de Londres il y a 15 jours.
Un représentant du Ministère suédois de l’Agriculture et de l’agroalimentaire y a déclaré : « La résistance des bactéries aux antibiotiques ne connaît pas de frontières. L’usage des antibiotiques est lié à des conditions d’élevage déplorables : une alternative est impérative. » Et d’ajouter : « Un animal en bonne santé n’a nul besoin d’antibiotiques ; nous sommes tous responsables face à ce problème : médecins, vétérinaires, décideurs politiques et consommateurs. »
Je ne pourrais pas être plus d’accord. Ne donnons des traitements aux animaux que s’ils sont malades. Si nous cessons de les confiner à outrance, alors la forte contagion entre animaux ne sera plus un problème. L’urgence est de lutter contre les problèmes de santé humaine et de garder nos médicaments pour sauver des vies.
Une nouvelle étude inquiétante (info en anglais) révèle qu’une souche de staphylocoque appelée « SARM CC398 », signalée chez des animaux d’élevage, se transmet de l’animal à l’homme bien plus fréquemment que la souche d’origine humaine ne se transmet à l’animal.
Les scientifiques ont en effet découvert que la souche de CC398 présentes chez les animaux d’élevage est bien plus résistante aux antibiotiques que celle touchant habituellement les individus humains. Cette souche, qui montre une résistance accrue aux traitements traditionnels utilisés chez l’animal, est sans doute à l’origine de l’usage massif d’antibiotiques dans le monde agricole aujourd’hui.
Nous devons changer radicalement notre pratique à l’égard des antibiotiques si nous ne voulons pas atteindre un point de non-retour, à savoir une impossibilité de traiter les infections humaines les plus courantes. Une infection jusque-là bénigne pourrait se révéler demain une véritable menace pour notre santé.
Quelles sont les causes d’un tel problème ? Près de la moitié des antibiotiques produits au Royaume-Uni sont administrés aux animaux d’élevage, souvent de manière systématique, dans un but préventif, alors qu’aucune maladie n’a encore été diagnostiquée. Le gouvernement doit impérativement fixer des directives, afin de réduire massivement l’usage des antibiotiques dans ce pays. C’est aberrant quand on y pense : il existe des limites extrêmement strictes concernant le recours aux antibiotiques dans la médecine humaine, alors que leur usage est totalement libre et anarchique dans l’élevage agricole.
Un séminaire intitulé : « Résistance microbienne aux antibiotiques : une menace pour la santé humaine. Comment mieux gérer notre usage des antibiotiques dans l’agroalimentaire ? » organisé par Medact, l’Alliance Sauvons nos antibiotiques (dont CIWF est un membre fondateur) et la RSM a récemment été tenu à Londres. Un sujet au cœur de l’actualité, donc.
Auteur : Philip Lymbery, Directeur de CIWF International