24/05/2013
Progrès ou menace pour les animaux d’élevage?
Aussi importantes que soient nos victoires sur l’interdiction des cases individuelles pour veaux, des cages de gestation pour les truies et des cages conventionnelles pour les poules, et alors qu’il reste encore tellement à faire pour améliorer la vie des animaux de ferme, leur transport et leur abattage, nous devons en plus faire face à un autre défi d’envergure.
Les gouvernements et l’industrie agroalimentaire ne s’attaquent toujours pas au vrai problème : l’utilisation intensive des animaux pour notre alimentation. A la place, ils tentent de trouver des solutions aux problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés.
CIWF doit non seulement lutter contre le modèle de l’élevage industriel mais aussi remettre en cause les adaptations proposées pour « gérer » la souffrance animale par les défenseurs de ce modèle industriel. Ces mesures d’améliorations, aussi bienvenues soient elles, ne vont pas assez loin.
Le problème fondamental de l’élevage intensif ne disparait pas du fait d’interdictions (partielles) de cages, même si ces avancées n’auraient pas eu lieu sans notre action. L’évolution au cours des dernières décennies nous montre que nous ne pouvons pas attendre des gouvernements et du secteur agroalimentaire qu’ils agissent d'eux-même en faveur du bien-être animal, ou en faveur de systèmes alimentaires permettant des productions durables, respectueuses des animaux et de la santé.
Dans ce contexte, il semble que notre principal prochain défi sera le génie génétique.
On modifie génétiquement les animaux de ferme pour plusieurs raisons. Cela peut avoir pour but l’amélioration du taux de croissance, l’augmentation de la résistance aux maladies ou une modification de la composition de la viande et du lait.
La modification génétique consiste en l’insertion de gènes d’une autre espèce ou de gènes « additionnels » de la même espèce, ou encore en la manipulation, suppression ou modification des propres gènes de l’animal. Certains saluent la modification génétique des animaux de ferme comme étant la technologie « dernière génération » pour améliorer le bien-être animal et la production alimentaire.
Si seulement c’était vrai !
La réalité est toute autre : la modification génétique peut entrainer de grandes souffrances pour les animaux. On a pu observer chez les saumons génétiquement modifiés pour augmenter leur rapidité de croissance, d’importantes malformations de la tête et de la mâchoire, des difficultés digestives, respiratoires et une moindre capacité à nager. Cette technologie peut-elle être bonne si elle altére la capacité des poissons à nager, respirer et se nourrir ?
Ces modifications génétiques prétendent s’attaquer à des problèmes qui pourraient en fait être réglés de manières bien plus simples. A titre d’exemple, des scientifiques ont récemment annoncé qu’ils allaient produire du bétail sans corne. S’il est vrai que le l’écornage du bétail (une mutilation très fréquente) est extrêmement douloureuse, il n’est pas nécessaire d’utiliser ces technologies puisque par la sélection on peut obtenir ce même résultat.
Il y aura peut être des circonstances exceptionnelles dans lesquels le recours au génie génétique pourra permettre des avancées en termes de bien-être animal. L’avenir nous le dira. D’ici là, ce qui est sûr, c’est qu’il faut être sceptique devant toute tentative de présenter le génie génétique comme une méthode bénigne pour améliorer le bien-être animal.
Si nous avions des craintes sur les cultures OGM, nous en avons encore plus sur les animaux génétiquement modifiés. Aux Etats-Unis, la US Food and Drug Administration va bientôt autoriser la production de saumons génétiquement modifiés pour grandir plus vite, et ce saumon deviendra ainsi le premier poisson génétiquement modifié sur le marché.
Selon nous, à la lumière de ses divers impacts sur la santé et le bien-être animal, la modification génétique ne devrait pas avoir sa place dans les élevages.
En particulier, nous appelons l’Union Européenne à interdire :
- La modification génétique des animaux pour la production alimentaire.
- L’utilisation d’animaux génétiquement modifiés et leur progéniture au sein de l’UE, ce qui rendra inutile l’importation de semence et d’embryon d’animaux génétiquement modifiés.
- La commercialisation de produits alimentaires issus d’animaux génétiquement modifiés.
- La commercialisation de produits alimentaires issus de la descendance d’animaux génétiquement modifiés.