07/01/2013
Auteur : Philip Lymbery, Directeur de CIWF International
Les sondages d'opinion montrent régulièrement que le grand public est pour un renforcement des réglementations en faveur du bien-être des animaux d'élevage.
Prenez, par exemple, l'interdiction partielle des cases de gestation pour les truies au sein de l'Union européenne.
Depuis le début de cette année, il est illégal, après les quatre premières semaines de gestation, de maintenir les truies dans des cases de gestation – ces stalles sont si étroites qu'elles ne peuvent même pas se retourner. Grâce à cette nouvelle loi, des millions de truies vont bénéficier d'une vie meilleure en Europe.
Mais je suis très inquiet car 14 pays ne sont pas conformes. Il s’agit de la Belgique, Chypre, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, la Pologne, le Portugal, la Slovénie, le Danemark et les Pays-Bas. Les éleveurs ont dû depuis 2001 pour se préparer à ce changement. Le Royaume-Uni a interdit ces cases en 1999.
Il est clair que les Européens voulaient cette interdiction des cases de gestation pour les truies. Sinon l'UE n'aurait jamais adopté la loi en premier lieu. Une enquête récente a montré que 67% des français interrogés pensent que l’origine France garantit le respect de la règlementation minimale en matière de protection des porcs. En Italie, 62% des personnes interrogées pensent que les produits de porcs italiens sont issus d’élevages respectant mieux le bien-être animal que dans d'autres pays.
Il est inexcusable qu’avec un soutien aussi important de ses citoyens, l'UE n'ait pas réussi à se conformer à sa propre législation interdisant partiellement les cases de gestation pour les truies. Onze ans était une durée amplement suffisante pour que les producteurs adaptent leurs systèmes.
Cette situation déplorable m’est venue à l'esprit quand je lisais les résultats d’un autre sondage la semaine dernière. Mais cette fois, c'était aux Etats-Unis, dans un article du National Hog Farmer.
L’université de Purdue (Indiana), reconnue dans le domaine de l'agriculture et de la zootechnie, a interrogé 798 personnes à partir d'un échantillon représentatif : les questions portaient sur l'agriculture, le bien-être animal et les habitudes des consommateurs. Les résultats sont fascinants.
Par exemple, 56% des participants n'ont aucune source d'information sur le bien-être animal. Mais 12% et 7% ont respectivement cité la Humane Society of United States et PETA comme source d’information pour en apprendre davantage sur la façon dont les animaux sont élevés pour notre nourriture. La HSUS et PETA sont plus à même d’informer les gens sur l'agriculture intensive que les agriculteurs, les scientifiques et les experts gouvernementaux.
Le constat sur le comportement des consommateurs est encore plus intéressant.
14% des participants ont « réduit en moyenne de 56% leur consommation de porc par rapport à leur consommation antérieure au cours des trois dernières années, par souci du bien-être animal ».
Cela a conduit les chercheurs de l'université qui ont réalisé le sondage à se demander : « Pourquoi les associations de protection animale ont-elles plus de facilité à communiquer auprès des consommateurs ? ».
En effet : Pourquoi ?
La réponse, je crois, est que les gens, en général, ne supportent pas la cruauté envers les animaux, y compris lorsque cela concerne les animaux d'élevage. Ainsi, plus les gens découvrent ce que signifie l'élevage industriel, moins ils sont prêts à acheter de la nourriture produite de façon intensive.
Et cela me ramène à l'UE et ses interdictions sur les pratiques d'élevage cruelles, notamment les cages de batterie non aménagées et les cases de gestation.
Plus les consommateurs attentifs au bien-être voient l'UE freiner des quatre fers pour la mise en œuvre et l'application de ces lois pour la protection des animaux de ferme durement gagnées, plus ils seront tenaces et obstinés pour toutes les initiatives futures.
Bien sûr, quand je dis « ils », je veux dire « nous ».
Parce que je sais que nous ne renoncerons jamais, jusqu'à ce qu’aucun animal ne soit élevé de façon industrielle.
C’est une information importante que les agriculteurs, les scientifiques et les experts gouvernementaux doivent avoir à l'esprit.