700 millions de poulets sont élevés chaque année en France[1]. 81% d’entre eux sont confinés dans des élevages intensifs : surpopulation, bâtiments sombres et inadaptés ainsi que problèmes de santé sont le quotidien de ces animaux.
Les poulets sont des animaux intelligents et sociaux. Ils communiquent par des sons ainsi que des signaux visuels et peuvent reconnaître jusqu’à 100 congénères. Ils ont des besoins essentiels : gratter le sol, explorer leur environnement, courir, étirer et battre leurs ailes, prendre des bains de poussière, se percher, se reposer…
Malheureusement, l’élevage industriel, largement majoritaire en France, ne prend pas en compte ces besoins pourtant indispensables à leur bien-être. L’objectif principal ? Produire du poulet à bas prix pour répondre à la demande croissante.
Une consommation qui explose, des conditions d’élevage inacceptables
En seulement 20 ans, la consommation de poulets par habitant a doublé en France, passant de 12 kg/an/habitant en 2003 à plus de 23 kg aujourd'hui[2].
Les systèmes d'élevage intensifs de poulets se caractérisent par :
- Une densité de peuplement excessive : atteignant souvent 22 poulets/m², soit moins d’une feuille A4 par oiseau.
- Des bâtiments sombres et nus, sans enrichissement (perchoirs, substrats pour gratter…).
- Une sélection génétique excessive pour atteindre le poids d’abattage le plus rapidement possible, générant des problèmes de santé.
Des densités d’élevage excessives
Le lendemain de l’éclosion, les poussins se retrouvent dans d’énormes poulaillers sans fenêtres qui peuvent renfermer jusqu’à 40 000 individus. Plus ils grandissent, plus leurs conditions de vie se dégradent.
Cette surpopulation s’accompagne du développement de diverses pathologies.
- Privés d’exercice essentiel pour le développement osseux et à cause de leur génétique à croissance rapide, ils souffrent souvent de problèmes de locomotion.
- La litière n’est généralement pas changée durant la durée de vie des animaux et devient progressivement humide et chargée en ammoniac ce qui peut provoquer des inflammations cutanées chez les poulets (pododermatites et lésions des tarses).
Une sélection génétique poussée à l’extrême
Les poulets sont sélectionnés pour un rythme de croissance très élevé et atteignent ainsi leur poids d’abattage en moins de 38 jours (= âgés de moins de 6 semaines), soit deux fois plus rapidement qu’il y a 30 ans.
Ce rythme rapide est souvent associé à des problèmes cardiovasculaires, respiratoires et de locomotion puisque le muscle grandit plus rapidement que la structure des pattes, du cœur et des poumons. Des millions de poulets souffrent ainsi de douloureuses déformations des pattes voire de paralysie. Beaucoup d’entre eux meurent avant même d’atteindre leur poids d’abattage tant les conditions de vie leurs sont défavorables.
En intensif, grossir vite, mourir jeune
Les poulets vivent naturellement jusqu'à 8 ans ou plus. Les poulets de chair intensifs sont abattus à moins de cinq à six semaines, les poulets certifiés sont généralement abattus à 8 semaines et les poulets fermiers Label Rouge et biologiques ne sont pas abattus avant 12 semaines.
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Des famines chroniques chez les poulets reproducteurs
Les conditions de santé des poulets de chair sont telles que beaucoup ne pourraient pas atteindre l’âge pubère de 18 semaines. C’est un sérieux problème dans le cas des poulets reproducteurs qui doivent non seulement vivre jusqu’à l’âge adulte mais également rester en assez bonne santé pour se reproduire.
La solution utilisée pour ralentir leur croissance ? Les nourrir avec des rations très limitées, soit 25% à 50% de ce qu’ils mangeraient s’ils avaient un libre accès à la nourriture. Les reproducteurs, frustrés et stressés, souffrent ainsi chroniquement de la faim.
Risques pour la santé humaine
- Les méthodes intensives d’élevage de poulets ont contribué à l'apparition et à la propagation de maladies telles que la grippe aviaire, avec des conséquences mortelles pour l’Homme. Les poulets issus de l’élevage intensif sont aussi une cause commune d'intoxication alimentaire par les bactéries (salmonellose, campylobacter).
- Des antibiotiques sont utilisés en grandes quantités pour prévenir et combattre des maladies liées aux conditions d’élevage qui affaiblissent le système immunitaire des poulets. Non seulement on traite les symptômes et non la cause de ces maladies, mais l'utilisation excessive des antibiotiques contribue à l'apparition de bactéries qui leur sont résistantes.
L'élevage de poulet plein air, fermier, Label rouge ou bio
Dans les élevages sous cahier des charges Biologiques ou Label Rouge, les poulets ont un rythme de croissance moins élevé. Ils sont élevés dans des bâtiments de plus petite taille, avec une densité moindre, des perchoirs et une lumière naturelle et ont accès dès leur emplumement à un parcours extérieur pendant la journée.
Les souches de poulets fermiers sont de type rustique et sont sélectionnées pour leur croissance plus lente, ce qui réduit la fréquence des problèmes rencontrés en élevage intensif. Ces poulets sont abattus entre 81 et 110 jours ; ils vivent donc au moins 2 à 3 fois plus longtemps qu'un poulet standard et ont des conditions de vie qui respectent un certain niveau de bien-être animal.
Comparaison des modes d’élevage des poulets de chair
Ce tableau récapitulatif des conditions d’élevage en intensif, en Label Rouge et en Agriculture Biologique vous permet de les comparer facilement. Les conditions d’élevage des différents types de poulets fermiers sont relativement similaires.
Mode de production | Poulet standard | Poulet certifié | Poulet Label Rouge | Poulet Agriculture Biologique |
---|---|---|---|---|
% de la production française[3] | 81% | 5% | 13% | 1% |
Nombre de poulets | Pas de limite, jusqu'à 40 000 poulets dans un bâtiment | Pas de limite | 4 400 poulets par bâtiment maximum | 4 800 poulets par bâtiment maximum |
Souche génétique | Souche à croissance rapide | Souche à croissance intermédiaire | Souche rustique à croissance lente | Souche rustique à croissance lente |
Âge d'abattage | 32 à 40 jours | 56 jours minimum | 81 jours minimum | 81 jours minimum |
Type d'élevage | En claustration | En claustration avec lumière naturelle (et parfois jardin d'hiver) | En plein air ou en liberté | En plein air sur un parcours conduit selon les principes de l'agriculture biologique |
Taille du poulailler | Pas de norme (jusqu'à 2000 m²) | Pas de limite | 400 m² maximum | 480 m² maximum |
Densité dans le poulailler | Jusqu'à 22 poulets/m² | 18 poulets/m² maximum | 11 poulets/m² maximum en intérieur | 10 poulets/m² maximum en intérieur |
Espace en plein air | Aucun | Aucun | 2m²/poulet en appellation "plein air", illimité en "liberté" | 4m² par poulet |
[1] 687 126 000 poulets ont été abattus en 2023 en France selon l’Agreste, cela représente 72% des abattages en France.
[2] Agreste 2024 : En moyenne en France en 2023, la consommation de poulet de chair est de 23,3 kgec par habitant, contre 12,1 kgec en 2003. En moyenne par habitant, la consommation de viande de volaille (toutes volailles) s’élève à 29 kgec.
[3] Données ANVOL 2024 sur la production de poulets en France en 2023 : 72 % de poulets dits « standards », auxquels s’ajoutent 7 % de poulets destinés au grand export (également standards) et 2 % d’« autres » catégories. Seuls 19 % des poulets bénéficient de cahier des charges différenciés : 5 % certifiés, 13 % Label Rouge et 1 % bio.