La loupe

En France 22 millions de cochons sont élevés et abattus chaque année. 95% d'entre eux sont élevés en système intensif. 

Les besoins des cochons

Le cochon est un animal sociable, connu pour son intelligence, sa sociabilité et sa curiosité, des traits souvent comparés à ceux du chien. Il est également doté d’un odorat exceptionnel.

Il descend du sanglier et vit naturellement en petits groupes matriarcaux, où les truies s’occupent activement de leurs petits. Dans la nature, les porcelets sont nourris par leur mère jusqu’à ce qu’ils aient entre 13 et 17 semaines. Les femelles restent ensuite généralement ensemble tandis que les mâles quittent le groupe pour trouver une partenaire et construire leur propre groupe familial.

Le cochon a donc besoin d'un environnement riche et stimulant pour s’épanouir, il aime fouiller le sol pendant des heures en quête de nourriture. Pourtant, 95% des cochons sont élevés en intensif, dans des conditions qui ne leur permettent pas d’exprimer leurs besoins naturels : bâtiments surpeuplés, sur caillebotis, sans paille, mutilés...

Dans les systèmes commerciaux, les porcs domestiques sont divisés entre les porcs à l’engraissement/charcutiers et les truies reproductrices, les deux ayant des besoins comportementaux similaires. Les truies peuvent vivre une vingtaine d’années mais sont généralement réformées après trois à cinq portées (soit au bout de deux ou trois ans).

De plus, la législation européenne, pourtant insuffisante à nos yeux en matière de bien-être animal, n’est la plupart du temps pas suffisamment appliquée en France.

Chiffres de l'élevage porcin dans le monde et en France

Chaque année, environ 1,4 milliard de porcs sont abattus dans le monde. La production est particulièrement concentrée en Asie de l’Est, en Europe et en Amérique du Nord.

La France est le troisième pays producteur de porcs de l’Union européenne (derrière l’Espagne et l’Allemagne). En 2023, le cheptel du pays comptait 12,2 millions de porcs, dont 0,9 million de truies [1]. L’élevage est principalement situé dans le Grand Ouest :

  • Bretagne (58 %)
  • Pays de la Loire (11 %)
  • Nouvelle-Aquitaine (7 %)
  • Normandie (6 %)

En 2023, 21,9 millions de porcs ont été abattus en France, ce qui représente 10 % de la production européenne [2].

95% des porcs sont élevés en intensifs

En Europe et en France, l’écrasante majorité des porcs sont élevés en systèmes intensifs. Ces systèmes sont caractérisés par :

  • Élevage en bâtiments fermés, sans accès à l’extérieur.
  • Cages de gestation et de mise-bas : Les truies passent une grande partie de leur vie confinées dans des cages où elles ne peuvent ni se retourner ni interagir normalement avec leurs petits.
  • Sols en caillebotis : La majorité des porcs charcutiers et des truies sont élevés sur des sols perforés sans litière, les privant de leur comportement naturel de fouissage.
  • Densité d’élevage élevée : Les porcs vivent souvent dans des espaces réduits, en étant trop proches les uns des autres, ce qui favorise l’agressivité et le stress.
  • Absence d’enrichissements du milieu de vie, ce qui génère une frustration intense chez les animaux et des agressions entre eux par manque de stimulation
  • Mutilations systématiques : Pour limiter les comportements agressifs, des pratiques comme la coupe des queues, le meulage des dents et la castration sont courantes, souvent réalisées sans anesthésie.
  • Les truies sont nourries d’une quantité limitée d’aliments concentrés à haute valeur nutritionnelle (durant la gestation) qui, s’ils couvrent leurs besoins nutritionnels, ne leur apportent pas de sensation de satiété (autrement dit, elles souffrent de faim) – elles n’ont pas non plus accès à des fourrages.
Group of crowded pigs in a slatted floor pen

Cycle de vie

Les porcelets sont retirés de leur mère vers trois à quatre semaines (sevrage 21 ou 28 jours selon les élevages), alors que l'âge naturel de sevrage se situe entre trois et quatre mois. Ils sont destinés à l'engraissement. Le stress, la maladie et les conflits surviennent souvent lorsque les porcelets sevrés sont brusquement mélangés avec des porcelets non familiers.

Dans leur première semaine de vie, les porcelets subissent :

  • La coupe ou le meulage de leurs dents.
  • La coupe de leur queue.
  • La castration pour les mâles.

Ces mutilations sont quasi systématiques en France alors des pratiques d’élevages extensives pourraient les éviter.

Un environnement appauvri

Les porcs sont élevés en intérieur, souvent dans des bâtiments surpeuplés, sur du béton nu ou sur caillebotis intégral (sol ajouré pour évacuer les excréments), sans litière.

Depuis 2003, le « milieu de vie » des cochons doit être enrichi par des matériaux permettant des activités de recherche et de manipulation : paille, foin, bois, sciure... Dans les faits, peu d'élevages se conforment à cette obligation ou optent pour des objets inadaptés, tels que des chaînes qui ne permettent pas des activités de recherche et de manipulation suffisantes. Par ennui et frustration, les porcs développent un comportement de caudophagie, un trouble du comportement conduisant les cochons à mordre la queue de leurs congénères jusqu’au sang.

La coupe des queues

Pour prévenir ces troubles du comportement imputables aux mauvaises conditions d’élevage, les éleveurs coupent à vif les queues des porcelets. Cette pratique est appelée la caudectomie.

Cette pratique est non seulement illégale, mais elle est également cruelle et absurde.

  • Illégale car la coupe des queues des porcs en routine est en effet interdite depuis 1994 avec la directive 91/630/CEE du Conseil du 19 novembre 1991, remplacée par la Directive 2008/120/CE du 18 décembre 2008 établissant les normes minimales relatives à la protection des porcs. Cela fait donc 31 ans que la France est dans l’illégalité comme l’indique le rapport d’audit réalisé en France par la Commission européenne et publié en février 2020.
  • Cruelle car il est prouvé scientifiquement que la coupe de la queue, réalisée à vif, est extrêmement stressante et provoque une douleur intense. Les porcelets l’expriment clairement par des cris très aigus, une tendance à la prostration et à l’isolement, une baisse d’appétit, des démonstrations d’agressivité, des modifications du comportement habituel couplées à une augmentation dans le sang de la concentration des hormones du stress et une accélération du rythme cardiaque.
  • Absurde car on coupe les queues dans les élevages standards pour éviter les morsures entre congénères. Pourtant, ce type de comportement ne fait pas partie du répertoire comportemental naturel des cochons. Plutôt que de leur couper les queues, il est possible, en choisissant d’adapter les conditions d’élevage, d’éviter qu’ils ne se la mordent.

Ce sont les conditions d’élevage qu’il faut adapter, pas les animaux. Changeons le système, pas les cochons ! 

La castration des mâles

La chair des porcs entiers est susceptible de dégager en cours de cuisson une odeur désagréable dite « de verrat ». Bien que cette odeur ne se développe que chez un faible pourcentage de mâles non castrés (environ 3 à 5 %), en France, on castre la grande majorité des porcs.

Depuis le 2 janvier 2022, la castration à vif est interdite en France (1 an après l’Allemagne). La castration doit être réalisée sans déchirement des tissus avec l’obligation a minima de traitement analgésique ou antalgique. Cependant malgré cette « prise en charge de la douleur », il serait préférable d’opter pour des techniques alternatives telles que l’élevage de porcs males entiers ou encore l’immunocastration qui ne nécessite pas de castration physique.

En 2013, CIWF a visité 45 élevages porcins dans toute l'UE : découvez notre enquête.

Les truies

10,8 millions de truies environ sont élevées dans l’UE dont 839 000 en France [3]. La majorité d’entre elles passent près de la moitié de l’année en cage [4]. Leur vie est marquée par l’enchaînement des gestations et des mises bas enfermées dans des cages, où il ne leur est même pas possible de se retourner.

Les truies sont enfermées en cage pendant quatre semaines environ au début de leur gestation avant d’être logées en groupe (obligation réglementaire depuis le 1 janvier 2013). Une semaine avant la naissance de leurs porcelets, les truies sont de nouveau placées en cage. Elles y restent durant toute la période d’allaitement des porcelets jusqu’au « sevrage » des porcelets. Ces cages les empêchent de construire un nid, d’allaiter leurs petits librement ou de se mouvoir. Le lien maternel est ainsi fortement limité.

Row of pigs in sow stalls © Compassion in World Farming

Après le sevrage, elles sont de nouveau inséminées et le cycle recommence.

Ces stalles métalliques individuelles posent de nombreux problèmes pour leur bien-être :

  • Le sol en béton nu et en caillebotis (sol ajouré pour évacuer les excréments) est source de blessures, de boiteries, d’inconfort et empêche un comportement naturel de fouille.
  • L’espace est insuffisant pour se retourner, faire plus d’un ou deux pas ou se coucher confortablement.
  • Le confinement est source de stress et d’ennui pour ces animaux très sociaux.
  • L’ennui et la faim sont source de comportements stéréotypés tels que le mâchonnement des barreaux.

Les truies gestantes sont également sévèrement rationnées et reçoivent une alimentation très concentrée, ingurgitée en quelques minutes seulement. Elles ont constamment faim. L’apport de paille, riche en fibres, augmenterait la satiété ainsi que la durée de la prise alimentaire et permettrait également aux truies de fouiller le sol.

Un certain nombre d’entre elles n’ont également pas accès à de l’eau en continu, mais seulement au moment du repas sous forme de soupe.

Les cases de gestation sont totalement interdites au Royaume-Uni depuis 1999 et partiellement dans tous les États membres de l’Europe depuis 1er janvier 2013 [5] : les éleveurs sont toujours en mesure d'utiliser ces cases pendant les quatre premières semaines et la dernière semaine de gestation. Ces cinq semaines sont encore de trop.

L'interdiction de cases de gestation a des conséquences importantes en matière de bien-être animal pour les truies. Au lieu de passer les 16 semaines et demie de sa gestation dans une stalle, les truies sont logées une partie du temps en groupe, ce qui leur permet de se déplacer et d'interagir avec les autres truies.

Peu d’élevages alternatifs

Des élevages alternatifs prenant en compte le bien-être des cochons existent, mais ne représentent qu’un très faible pourcentage de l’élevage porcin. En France, moins de 5% des élevages sont des systèmes alternatifs et moins de 1% sont en plein air.

  • Dans les élevages plein air, les cochons disposent d’abris, généralement des petites cabanes en tôle paillées à l'intérieur. Il existe des élevages en bâtiments paillés, avec suffisamment d’espace par animal et sans mutilations. 
  • Les porcs fermiers élevés en plein air ou en liberté ou les porcs biologiques ont un accès à l'extérieur. Ce qui leur offre plus d’opportunités d’exprimer leurs comportements naturels.
  • Les porcelets restent avec leur mère plus longtemps (jusqu’à 6 à 8 semaines) et les groupes sociaux restent stables.
  • La coupe de la queue n’est pas pratiquée dans les élevages biologiques et certains élevages plein air.

Ainsi, les porcs sont moins stressés au sevrage, ont plus d’espace et sont sujets à moins de stress et conflits sociaux.

[1] FranceAgriMer – Fiche viande porcine 2025.

[2] FranceAgriMer – Fiche viande porcine 2025.

[3] Graph’Agri2024.

[4] CIWF, Une nouvelle ère sans cage.

[5] En 2001, l'UE a adopté la directive Porc établissant les normes minimales pour la protection des porcs. Elle a été transposée en droit français en 2003 (directive consolidée 2008/120/CE). L’une de ces mesures concerne l'interdiction partielle des cases de gestation pour les truies, sauf pendant les quatre premières semaines et la dernière semaine de gestation. Cette interdiction est entrée en vigueur le 1er Janvier 2013. L'UE a accordé aux éleveurs une période de transition de 11 années pour adapter leur système de production.

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