Le gouvernement a enfin lancé la consultation publique sur sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc). Cette stratégie, attendue depuis 2023, vise à coordonner les politiques publiques autour de notre alimentation pour répondre aux défis actuels (santé, climat, bien-être animal, justice sociale).
Cette première version passe à côté de leviers majeurs, notamment celui de fixer des objectifs chiffrés de réduction de notre consommation de produits issus de l’élevage ! Un comble...
Le gouvernement a 2 ans de retard mais ne laisse qu'un mois de consultation... Nous avons jusqu'au 4 mai pour participer à cette consultation publique.
Dans un temps record, CIWF France et 56 autres organisations de la société civile se sont unies pour délivrer un décryptage commun et proposer des recommandations à la hauteurs des enjeux.
“Moins et mieux ” de produits issus de l’élevage dans notre alimentation, au restaurant, dans les cantines et dans notre quotidien est un levier indispensable !
Mobilisons-nous, participons massivement à cette consultation publique : C'EST ICI ! Cela prend une minute, on vous explique...
La Snanc : enfin en consultation !
Prévue par la loi Climat et Résilience (2021) et annoncée depuis plusieurs années, la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) a enfin été mise en consultation publique, mais jusqu’au 4 mai 2025 seulement…
Cette stratégie a été élaborée par les ministères chargés de l’agriculture, de la santé et de l’environnement, sur la base des contributions du Conseil national de l’alimentation (CNA), du Haut conseil de la santé publique, des agences et organismes d’expertise ainsi que des contributions spontanées de parties prenantes, dont la société civile.
Les orientations de la Snanc doivent définir la politique du gouvernement « pour une alimentation saine et durable pour tous à l’horizon 2030 » et seront par la suite déclinées de manière opérationnelle par les prochains Programme national nutrition santé (PNNS 5) et Programme national de l’alimentation (PNA 4) sur la période 2025-2030.
La Snanc s’inscrit dans le cadre du volet « alimentation » de la planification écologique.
Le Conseil National de l’Alimentation (CNA), où siège notamment CIWF France, a été saisi le 7 avril et dispose également d’un mois pour faire ses contributions pour une amélioration du texte.
Une sensibilisation sur les enjeux mais sans leviers !
La SNANC marque un progrès vers la mise en œuvre d’une politique de l’alimentation dans une approche interministérielle, la seule permettant de tenir compte de l’ensemble des enjeux agricoles, écologiques, sociaux et de santé.
Elle présente l’intérêt de sensibiliser sur des leviers qui dépassent les seuls dispositifs d’information et de sensibilisation du consommateur, en pointant également les industriels, les distributeurs et le secteur de la restauration hors-foyer pour améliorer la qualité des produits qu’ils proposent.
La Snanc prône notamment de « communiquer et sensibiliser sur une alimentation saine et durable ». Rappelant que les produits d’origine animale comptent pour 61% de l’empreinte carbone alimentaire française, la Snanc rappelle que d’après l’étude Inca3, 32% de la population adulte consomme trop de viande hors volaille et 63% trop de charcuterie.
« La modération de la consommation de viande doit aussi permettre un report vers une viande locale et de qualité, par exemple issus d’un élevage pâturant pour la viande bovine », peut-on lire dans la Snanc.
Pas d’objectif chiffré sur la consommation de produits issus de l’élevage et des leviers trop faibles pour le “mieux" de viande
Mais la SNANC passe à côté d’un enjeu majeur : proposer une véritable stratégie pour réduire cette surconsommation de produits issus de l’élevage (et pas que la viande rouge ou la charcuterie) - le comble pour une “Stratégie nationale pour l’alimentation" !
Pas d’objectifs chiffrés pour la baisse de la consommation de viande, pas de trajectoire ni d’indicateurs précis pour répondre aux urgences environnementales, de santé publique et de justice sociale de l’alimentation.
En effet, parmi les manquements à déplorer : pas de mesure contraignante pour limiter la publicité pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salés (notamment certains produits issus de l’élevage) ciblant les enfants, et pas d’objectif chiffré de réduction de la consommation de viande !
Le fait qu’une partie des objectifs ne soient pas chiffrés compromet la mise en place de dispositifs de suivi et d’évaluation, et interroge sur les ambitions réelles du gouvernement. En particulier, il n’y a finalement plus d’objectif chiffré de réduction de la consommation de viande, pourtant très attendu. Le gouvernement aurait-il cédé à la pression imposée par le lobby de la charcuterie1 ? Ce serait un terrible pied de nez à la société civile et à la communauté scientifique, ainsi qu’aux 85% de Français favorables à des campagnes publiques encourageant à manger moins de viande2.
Par ailleurs, la SNANC ne réussit pas à proposer des mesures et objectifs visant à assurer à la fois une plus juste rémunération des agriculteurs et agricultrices et l’accès de toutes et tous à une alimentation saine et durable. C’est pourtant essentiel pour garantir le “mieux" de viande notamment plus de bio et plus de label garantissant des normes élevées de bien-être animal. Elle en a l’opportunité, à condition de poser l’objectif de mieux encadrer les distributeurs, les industriels et les restaurateurs pour que ceux-ci proposent davantage de produits de qualité issus de filières locales, responsables et durables (encadrement de la publicité sur la malbouffe, TVA sur les produit de qualité, etc) ; de mobiliser davantage de leviers pour garantir des débouchés pour les agriculteurs et les agricultrices engagées dans des modes de production durables, à travers la restauration collective mais aussi commerciale, ou encore les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT).
Sur un levier capital comme celui de la publicité pour la malbouffe, le texte mis en consultation a été amputé d’une mesure centrale et prioritaire, à savoir l’Action n°31 de sa précédente version, visant à “Réduire efficacement l’exposition des enfants et des adolescents aux publicités et parrainages pour des produits trop gras, sucrés, salés, sur les différents médias (traditionnels et numériques) par un renforcement à terme du cadre réglementaire”, suite à un arbitrage de Matignon. Un choix qui contraste avec la décision du gouvernement britannique d’interdire la publicité pour la malbouffe sur internet et à la télévision en journée à compter du 1er octobre 2025, et le fait que 83% des Français soutiennent l’interdiction de la publicité pour les produits nocifs pour la santé.
Agir avec nous !
CIWF France, avec plus de 50 associations de la société civile (environnement, santé publique, etc.), appelle donc le gouvernement à revoir cette Stratégie dans le cadre de la consultation prévue, en renforçant les mesures incitatives par des actions plus contraignantes, en définissant des objectifs chiffrés et des indicateurs clairs, et en garantissant des moyens institutionnels, législatifs et financiers à la hauteur des enjeux.
Mobilisons-nous ! PARTICIPONS massivement à cette consultation publique, cela ne prend moins d'une minute.
- Aller sur la page de la consultation publique en cliquant sur ce lien
- Résoudre la petite équation pour prouver que vous n'êtes pas un robot (facile !)
- Remplir les 5 champs pour se décrire
- Indiquer dans le champ "Vos observations" ceci (copier coller le texte en italique ci-dessous) :
"Accessibilité
Garantir une meilleure transparence des prix et un encadrement des marges des distributeurs et des industriels sur les produits sains et durables, en particulier les fruits et légumes et les produits de l’agriculture biologique et du commerce équitable.
Information du consommateur
Mettre en place un cadre plus strict sur les labels afin que seuls les labels prouvés scientifiquement, lisibles pour les consommateurs, portés ou reconnus par des institutions publiques, et certifiés par un tiers, puissent être affichés.
Régulation de l'agroalimentaire
Interdire la publicité et le marketing pour des produits trop gras, trop sucrés et trop salés, en particulier lorsque ces activités ciblent les enfants, et obliger l'affichage du Nutri-score sur les emballages des produits alimentaires et dans toutes leurs publicités.
Evolution des régimes alimentaires
Fixer une trajectoire globale et chiffrée d’évolution du système alimentaire vers le “moins et mieux” de produits d’origine animale, incluant des objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande de boucherie, de volaille et de charcuterie à horizon 2030, et déployer des mesures pour favoriser la consommation de viande française issue d'élevages durables, réduire les importations et développer la consommation et la production de protéines végétales comme les légumineuses.
Restauration commerciale
Renforcer l’action visant à construire une “trajectoire nationale de développement d’une offre de produits durables et de qualité” avec les professionnels du secteur, en fixant des objectifs précis et en mettant en place des dispositifs d’accompagnement.
Grande distribution
Fixer des objectifs d’approvisionnement en produits sains, biologiques, équitables et de qualité pour la grande distribution et la restauration commerciale, sur le modèle des objectifs fixés à la restauration collective par la loi EGAlim, favoriser leur visibilité dans les linéaires, et restreindre la place faite aux produits trop gras, trop sucrés, trop salés et ultra-transformés.
Développement des PAT
Assurer un financement pérenne des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) à hauteur de 80 millions d'euros par an, afin de soutenir les pratiques agroécologiques, la juste rémunération des agriculteurs, et renforcer la justice sociale.
Produits biologiques
Détailler le chiffrage de 12% de bio d’ici 2030 débouché par débouché, avec des sous-objectifs et préciser les moyens mobilisés pour assurer les ambitions sur la consommation de produits biologiques"