Le 9 mars 2025, le navire Express M a enfin accosté au port de Haïfa, en Israël après 15 jours en mer, un trajet qui aurait dû durer 5 à 6 jours. À son bord, environ 2 400 bovins et 460 moutons ont subi un voyage éprouvant marqué par des pannes, des retards et des conditions préoccupantes pour leur bien-être. CIWF aux côtés de quinze autres organisations européennes de protection animale ont adressé un courrier au commissaire européen à la Santé et au Bien-être animal à la suite de cette traversée chaotique.
Un voyage dangereux et extrêmement éprouvant pour les animaux
Parti de Roumanie le 22 février, l’Express M a rapidement rencontré des problèmes. Après seulement quelques heures de navigation, le navire s’est arrêté et est resté à l’ancre jusqu’au 25 février, avant de reprendre son trajet à une vitesse anormalement lente.
Le 27 février, l’Express M a changé de cap de manière inattendue, semblant retourner vers la Roumanie pendant plusieurs heures avant de modifier à nouveau sa route en direction du détroit du Bosphore, où il a jeté l’ancre le 28 février. Il est resté stationnaire jusqu’au 3 mars, soit déjà 9 jours en mer, bien au-delà des 5 à 6 jours initialement prévus pour la traversée.
Ces retards ont soulevé de sérieuses inquiétudes quant à la disponibilité de nourriture et d’eau pour les animaux à bord. Bien que les autorités roumaines aient été alertées et qu’un ravitaillement ait été annoncé au large d’Istanbul, les bateaux aperçus fournissant des provisions semblaient trop petits pour transporter une quantité suffisante pour plusieurs jours supplémentaires. De plus, étant donné la courte durée de voyage prévue à l’origine, il est peu probable que suffisamment de sciure ait été embarquée pour garantir des conditions d’hygiène adéquates dans les enclos, ce qui signifie que les animaux ont probablement été maintenus dans un environnement extrêmement dégradé.
Le 4 mars, le navire a jeté l’ancre pour la troisième fois, restant stationnaire pendant 20 heures supplémentaires avant de reprendre la mer à une vitesse réduite. Finalement, après 15 jours d’un voyage éprouvant, les animaux sont arrivés à Haïfa le 9 mars.
Les navigations lentes et les arrêts prolongés ont considérablement allongé la durée du transport, compromettant gravement la santé et le bien-être des animaux à bord.
Un navire vétuste et à haut risque
Construit en 1983, l’Express M est un navire ancien, au passé marqué par de nombreuses infractions et détentions. Des doutes existent également quant à la validité d’un certificat européen autorisant ce navire à transporter des animaux, en raison d’incertitudes relevées par les autorités compétentes.
Par ailleurs, l’Express M navigue sous pavillon panaméen, un pays figurant sur la "liste grise" du mémorandum de Paris, ce qui met en évidence les risques élevés associés aux navires enregistrés sous ces pavillons. Cet incident souligne l’urgence d’interdire l’utilisation de navires battant pavillon de pays figurant sur la liste noire ou grise pour le transport maritime d’animaux vivants.
Des mesures urgentes à prendre
Ce nouvel incident démontre une fois de plus les risques inhérents au transport maritime d’animaux vivants. Une fois les navires en mer, il devient impossible de garantir leur bien-être, et des violations graves surviennent régulièrement. Dans ce cas précis, des milliers d’animaux ont été bloqués en mer dans des conditions inacceptables, subissant très probablement de grandes souffrances.
Face à cette situation, CIWF France, aux côtés de plusieurs organisations de protection animale, demande à la Commission européenne :
- D’engager immédiatement des échanges avec les autorités roumaines pour comprendre pourquoi le navire n’a pas été rappelé au port de Midia dès le signalement de la panne moteur. La décision de poursuivre le voyage malgré un problème mécanique grave était irresponsable et n’aurait pas dû être autorisée.
- De révoquer immédiatement le certificat d’approbation de l’Express M, s’il en possède un, afin de prévenir tout risque supplémentaire pour le bien-être animal et la sécurité maritime.
- D’interdire l’utilisation de navires battant pavillon de pays figurant sur la liste noire ou grise pour le transport d’animaux vivants, en raison des risques considérables qu’ils représentent pour le bien-être des animaux, la sécurité de l’équipage et la protection de l’environnement.
- D’accélérer la révision du règlement sur le transport des animaux afin d’éliminer progressivement le transport maritime d’animaux vivants.
Ce cas souligne une nouvelle fois l’impossibilité de garantir la protection des animaux transportés par voie maritime dans le cadre de la réglmentation actuelle. Il est urgent que l’Union européenne mette fin à ces exportations cruelles et prenne des mesures fortes pour éviter que de telles situations ne se reproduisent.
CIWF reste pleinement engagé dans la lutte contre l’exportation des animaux vivants et demande aux autorités européennes d’agir sans plus attendre.