2 août 2023 : jour du dépassement

L'humanité a consommé l'ensemble des ressources renouvelables disponibles sur une année en seulement sept mois. Il faudrait donc 1,75 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable. Quelles sont les solutions pour réduire cette surconsommation de nos ressources ? Revoir notre système alimentaire fait partie des solutions, c'est possible et urgent.

Le "jour du dépassement", qu'est ce que c'est ?

Chaque année, il y a le "jour du dépassement" ("Overshoot Day"). Ce jour est la date symbolique à laquelle l'humanité a consommé l'ensemble des ressources naturelles que la Terre peut renouveler sur une année (forêts, poissons, terres cultivables...).

Il est calculé, depuis 2003 par les scientifiques de l'ONG américaine Global Footprint Network, en divisant la biocapacité de la Terre (la capacité d'un écosystème à se régénérer sur une année et à absorber les déchets produits par l'Homme, notamment la séquestration du CO2) par l'empreinte écologique des activités humaines sur l'année (surfaces terrestre et maritime nécessaires pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets de la population) ; le tout est ensuite divisé par le nombre de jours dans une année (365).

Le "dépassement" se produit quand la pression humaine dépasse les capacités de régénération des écosystèmes naturels. Ce dépassement se fait en "grignotant" le capital naturel de la Terre et donc "en amenuisant d'autant sa capacité régénérative future", souligne l’ONG américaine.

Selon l'ONG, ce déficit écologique a commencé à se creuser au début des années 1970 : 29 décembre en 1970, 4 novembre en 1980, 11 octobre en 1990, 23 septembre en 2000, 7 août en 2010. Cette année, c’est le 2 août.

Pour établir une moyenne internationale, l'ONG se base sur les données des Nations unies sur plus de 200 pays. Cette année, l'ONG a affiné ses critères de calculs pour plus de précision. Cela concerne les catégories de surfaces : les cultures, les pâturages, les espaces forestiers nécessaires pour les produits forestiers, comme le bois, les zones de pêche, les espaces bâtis et les espaces forestiers qui sont nécessaires pour le carbone. Ce champ étendu permet une précision plus grande. Par souci de cohérence, GFN a recalculé les résultats des années précédentes pour éviter une différence pouvant être mal interprétée entre les résultats de l'ancienne méthode et les nouveaux. Ainsi, le résultat du calcul de 2022, qui était à l'origine le 28 juillet, est devenu le 1^er août après correction. 

Le jour du dépassement illustre donc la consommation toujours plus rapide d'une population humaine en expansion sur une planète limitée.

Chaque année, nous nous "surendettons"... 

Cette année, l'humanité  a consommé l'ensemble des ressources renouvelables disponibles sur une année en seulement sept mois.

En d'autres termes, il faudrait 1,75 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable.

Les différences entre pays sont énormes. Elles sont liées notamment à leur développement économique et aux modèles de production et de consommation.

En 2023, le dépassement tombe le 10 février pour le Qatar ou le 14 pour le Luxembourg, le 13 mars pour les États-Unis, le 19 avril pour la Russie, le 12 août pour le Brésil, le 5 mai pour la France, le 2 juin pour la Chine, le 8 novembre pour la Colombie, le 20 décembre pour la Jamaïque.

En d'autres termes, si toute la population mondiale vivait comme les Américains, il faudrait 5,1 planètes pour subvenir aux besoins de l'humanité de façon durable ; 2,8 planètes si tout le monde vivait comme les Français.

Quelles solutions pour réduire cette surconsommation funeste de nos ressources ?

Le "jour du dépassement" permet d'alerter sur nos comportements et leurs conséquences, largement documentés par les scientifiques, du dérèglement climatique à la disparition catastrophique des espèces et des écosystèmes.

Les derniers rapports des experts de l'ONU sur le réchauffement climatique et sur la biodiversité identifient clairement les directions à suivre : réduction des émissions de gaz à effet de serre, sortie des énergies fossiles, changement drastique du modèle de production agro-alimentaire...

L'ONG américaine assure par exemple que réduire de 50% les émissions de CO2 issues de la combustion d’énergies fossiles permettrait de repousser le jour du dépassement de 93 jours.

Autre levier majeur pour repousser la date du jour du dépassement ? Réduire notre consommation de protéines animales !

Le 11 mai, CIWF a publié le rapport intitulé "Plus les pays ont de l'argent, plus ils mangent de la viande" (en anglais "More money more meat"). Ce rapport CIWF chiffre les efforts de réduction de consommation d'aliments d'origine animale (viande, poisson et fruits de mer, produits laitiers et œufs) que chaque pays à revenu élevé ou moyen doit consentir à réaliser afin de respecter les « limites planétaires ». 

Si les Français ne figurent pas parmi les habitants des pays riches devant fournir l'effort individuel le plus marquant, les réductions recommandées restent considérables : baisse de 62% de la consommation de l'ensemble des produits d'origine animale !

Ces réductions signifient des changements véritables pour chaque Français, producteurs et consommateurs. Le défi est tel qu'il ne peut être relevé sans un changement de politique publique significatif.

La France peut et doit prendre des mesures pour soutenir ces objectif de réduction et accompagner au mieux les Français dans cette nécessaire mutation. 

Et étant donnés son poids démographique loin d'être négligeable, son influence sur les politiques agricoles et alimentaires au sein de toute l'Union européenne et son implication auprès des Nations unies, la France pèse et a un rôle à jouer pour être à la hauteur des enjeux actuels.