La loupe

Un rapport qui bouscule mais qui apporte des solutions concrètes

News Section Icon Publié 02/06/2023

Dans un rapport intitulé “Les soutiens publics aux éleveurs de bovins” publié le lundi 22 mai 2023, la Cour des comptes préconise à la France notamment de réduire son cheptel bovin pour tenir ses engagements climatiques.

Que dit la Cour des comptes ? 

Le rapport de la Cour des Comptes confirme l’inadéquation des politiques publiques françaises aux enjeux économiques et de durabilité de l’élevage bovin, incluant le bien-être animal.  

Le rapport rappelle que l’élevage ne se limite pas à son rôle économique et nourricier et que l’objectif de la PAC est de répondre aux enjeux de durabilités de façon large, y compris les enjeux de bien-être animal, “auxquels sont de plus en plus sensibles les sociétés contemporaines”.   

Il rappelle également que l’élevage bovin, lorsqu’il garantit le pâturage aux vaches, a un rôle particulier pour la société, à l’opposé de l’élevage intensif. La Cour différencie clairement les filières et les systèmes d’élevage : “ Les vaches mettent également en valeur, lorsqu’elles sont libres de pâturer, la relation de qualité entre l’homme et un animal domestique, à l’opposé de l’élevage intensif. (…) C’est une valeur importante de l’élevage bovin, comparé à celui des porcs ou des volailles, plus intensif et sujet à davantage de critiques quant au bien-être animal et à la relation entre l’homme et l’animal.”  

Il souligne aussi les problématiques de transports d’animaux vivants : “ le resserrement de l’offre d’abattage sur le territoire conduit mécaniquement à un allongement croissant des trajets entre les zones d’élevage et les industries de première transformation, au détriment possible du bien-être des animaux et en contradiction avec les efforts menés par les éleveurs dans leurs exploitations.”  

Il rappelle ainsi au passage que l’enjeu de bien-être animal repose sur d’autres acteurs que les éleveurs qui subissent ce problème : “En fonction des marchés, des bovins élevés dans le Sud-Ouest peuvent ainsi être abattus dans l’Orne, à plusieurs centaines de kilomètres de leur élevage alors même que des abattoirs plus proches pourraient être mobilisés”. 

Recommandation n° 1: Mieux accompagner les éleveurs les plus en difficulté en développant un dispositif d’aides à la reconversion sur la base de cahiers des charges publics et précis, définis en cohérence avec les objectifs économiques, environnementaux et sociétaux affichés.  

Recommandation n° 2 : Définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques du « Global Methane Pledge » signé par la France, en tenant compte des objectifs de santé publique, de souveraineté alimentaire et d’aménagement du territoire. 

Le rapport de la Cour des Comptes confirme donc l’inadéquation des politiques publiques françaises aux enjeux économiques et de durabilité de l’élevage bovin, incluant le bien-être animal. CIWF dénonce cette inadéquation sur l’enjeu de bien-être animal et plus globalement de durabilité des filières d’élevage depuis de nombreuses années et avait notamment partagé, lors du Salon de l’Agriculture le 1er mars avec le Collectif Nourrir, sa vision de l’élevage de demain. 

CIWF salue ce rapport et va plus loin…  

Mieux accompagner les élevages en difficultés en les soutenant vers des pratiques d’agriculture plus durables, cela implique donc de définir une stratégie de réduction du cheptel non subie avec une adaptation de la composition du cheptel et des systèmes de production, et une réduction de la consommation de viande.  

Ce rapport peut encourager à l’engagement d’un plan de transition de l’élevage, qui auront des impacts positifs sur le bien-être animal. Réduire le nombre d’animaux, mieux soutenir le revenu des exploitations plus durables et adapter la consommation permet d’envisager de meilleures conditions d’élevage, si cette réduction se fait en tenant compte des enjeux de bien-être animal : 

  • Réduire les densités d’animaux en bâtiment 
  • Freiner l’augmentation de la taille des exploitations qui peut limiter la pratique du pâturage 
  • Réduire les exportations d’animaux vivants 
  • Réduire les importations de produits animaux issus de mauvaises conditions d’élevage 

La baisse du cheptel ne peut se faire sans une réduction de la consommation de produits issus de l’élevage : il faut une politique volontariste pour le “moins et mieux” de produits issus de l’élevage.  

CIWF appelle à la mise en place d’une politique alimentaire cohérente permettant le développement de la valeur des productions les plus vertueuses françaises, soutenue par une campagne d’information et de sensibilisation des consommateurs au « moins et mieux » de produits issus de l’élevage – sur le modèle des campagnes de Santé Publique France. 

CIWF souhaiterait que la Cour des comptes se penche sur l’ensemble des filières animales, y compris les poulets et les porcs, qui sont aujourd’hui élevés dans les conditions les plus intensives en France et dont la consommation continue d’augmenter chaque année, en remplacement de la viande bovine.  

Globe

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