Le système de certification BAP n'en fait pas assez pour les poissons d'élevage !

Best Aquaculture Practices (BAP) est un des quatre plus grands systèmes mondiaux de certification des poissons. Il certifie les produits de mer vendus dans le monde entier, y compris en France.

En mars, CIWF a dénoncé ce système de certification qui refuse d'améliorer les conditions d'élevage et d'abattage des centaines de millions de poissons qu’il certifie chaque année.

En 2020, nous avons lancé une campagne mondiale encourageant quatre grands systèmes de certification du poisson, y compris BAP, à introduire ou améliorer leurs normes de bien-être pour les poissons d’élevage et certains ont, depuis, montré des signes de progrès dans cette direction. Mais BAP, basé aux Etats-Unis, est le seul à ne pas avoir montré d’amélioration significative concernant le bien-être des quelques 500 millions de poissons d’élevage qu’il certifie.

CIWF demande des mesures d'amélioration concrètes concernant le poisson d'élevage !

Le mauvais traitement des poissons cause non seulement leur souffrance, mais contribue également à des dégâts environnementaux significatifs. 

Nous appelons aux mesures d’amélioration du bien-être animal suivants :

• Des obligations de niveaux minimums de densités de peuplement propres à l’espèce fondées sur des preuves scientifiques. Des densités élevées entraînent une vulnérabilité accrue aux maladies, aux blessures physiques et au stress mais également une baisse de la qualité de l’eau.
• L’interdiction de l’utilisation systématique d’antibiotiques. Son utilisation excessive provoque une résistance aux antibiotiques, ce qui peut entraîner des conséquences dévastatrices pour la santé animale et humaine.
• Une interdiction de tuer des prédateurs tels que les oiseaux de mer et les mammifères marins.
• Limitations obligatoires spécifiques à l’espèce pour les périodes de jeûne. Actuellement, les exploitations peuvent décider combien de temps les poissons doivent jeûner avant d’être transportés ou abattus, ces jeûnes permettant de nettoyer leur intestin afin que moins de déchets soient rejetés dans l’eau. BAP devrait établir des limitations en temps pour s’assurer que les poissons ne jeûnent pas plus que nécessaire.
• L’amélioration de structure appropriées pour chaque espèce, tels que des abris, des cordes suspendues, des cannes ou du varech qui crée des rideaux, pour répondre aux besoins comportementaux des poissons.
• Réduction voire interdiction de capturer des poissons sauvages pour nourrir les poissons d'élevage. L’utilisation de farine et d’huile de poisson (FMFO) provenant de poissons sauvages capturés pour l’alimentation aquacole contribue à la surpêche des populations sauvages. Les poissons sauvages souffrent intensément durant les captures, les arrivages et les mises à mort. Une proportion importante meurt écrasée sous le poids d’autres poissons dans les filets, tandis que les poissons qui survivront à la capture et à l’arrivage mourront lentement par asphyxie.
• Obligations d'adopter des méthodes d’abattage sans cruauté propres à l’espèce pour s’assurer d'une mort rapide et sans douleur.

"BAP : aucun progrès depuis des années !" 

Krzysztof Wojtas, notre responsable de la politique de la pêche, a déclaré : « Alors que d’autres systèmes de certification, tels que Friend of the Sea (FOS), ont fait des efforts pour améliorer leurs normes de bien-être pour les poissons d’élevage, BAP n’a fait aucun progrès significatif pour le bien-être des poissons depuis des années. L’entreprise décrit ses produits comme « sûrs, responsables et éthiques » alors qu’ils permettent le surpeuplement des poissons dans des bassins ou des cages sous-marines et n’interdisent pas les méthodes d’abattage inhumaines. Ils autorisent également de tuer des prédateurs tels que les oiseaux de mer et les mammifères marins ». 

Les consommateurs s'attendent à un meilleur niveau de bien-être lorsqu'ils achètent du poisson certifié. Nous allons maintenir la pression sur BAP !

La révision de la législation européenne : une occasion historique de repenser l'aquaculture !

En janvier, CIWF a transmis un nouveau rapport au Parlement européen intitulé « Repenser l’aquaculture européenne : pour les êtres humains, les animaux et la planète ». Ce rapport est le premier à rassembler les problématiques de bien-être animal, de durabilité et d’environnement causés par l’élevage intensif de poissons dans l’UE.

Le rapport souligne la nécessité d’une transition de la pisciculture intensive vers une approche plus humaine et durable de la production halieutique donnant la priorité au bien-être animal, tout en fournissant des solutions politiques claires pour les législateurs.

La révision actuelle de la législation européenne en matière de bien-être animal est une occasion historique d'introduire une législation sur le bien-être des poissons. Il est urgent de protéger le bien-être des 1,2 milliard de poissons qui sont élevés chaque année dans l’UE !