Etiquetage du mode d'élevage des volailles : la révision des normes européennes est à surveiller !
Publié 09/02/2023
Une révision des normes européennes sur la commercialisation de la viande de volaille et des œufs est en cours, lancée par la Commission Européenne. Si nous observons cette démarche avec intérêt, des éléments nous paraissent très préoccupants.
Tout d’abord, la Commission envisage de supprimer les normes permettant aux consommateurs d’identifier clairement les modes d’élevage des volailles grâce aux cinq seules mentions jusqu’à présent autorisées à l’article 11. Cette proposition nous parait très préoccupante car les différents acteurs des filières seraient ainsi libres d’étiqueter leurs produits avec les appellations qu’ils souhaitent et potentiellement de manière abusive, en masquant ainsi certaines lacunes de leurs productions, surtout si celles-ci ne sont pas accompagnées d'un système de contrôle robuste de ces indications.
Nous sommes convaincus que les consommateurs ont le droit d’avoir des informations complètes et véridiques sur l'origine des aliments qu'ils achètent.
Nous pensons aussi que les termes utilisés pour des systèmes de production plus durables et plus respectueux de l'environnement, tels que « élevage plein air », doivent être fortement réglementés et utilisés exclusivement par les producteurs qui élèvent effectivement leurs animaux conformément à des cahiers des charges stricts associés aux termes des étiquettes proclamées.
Ensuite, en ce qui concerne la commercialisation des œufs, nous saluons l'ajout du marquage des œufs directement à la ferme ou, à défaut, dans le premier centre d'emballage afin de réduire les potentielles fraudes. Cependant, dans le contexte sanitaire de la grippe aviaire où l’imposition d’une claustration des volailles intervient de plus en plus régulièrement pour des raisons « de santé publique et animale », nous sommes préoccupés par l’étiquetage des œufs des poules confinées. La Commission souhaite supprimer la limite de 16 semaines après laquelle les œufs ne peuvent plus être étiquetés comme étant « élevées en plein air » dans l'annexe II actuelle. Les produits pourraient ainsi continués d’être étiquetés comme tels, sans aucune limite de temps. Nous estimons qu’il faudrait que cette dérogation temporaire soit mieux encadrée pour apporter de l’information aux consommateurs plutôt que de supprimer cette limite dans le temps.
Notre bureau milite depuis longtemps pour un étiquetage obligatoire du mode de production des produits d’origine animale. Les consommateurs doivent disposer des informations sur la méthode d'élevage utilisée et du niveau de bien-être accordé aux animaux. Tant qu'un tel étiquetage n'est pas proposé, nous estimons qu'une éventuelle tromperie des consommateurs existe, via des termes qui ne correspondent pas à la réalité.
Nous demandons donc à la Commission de reconsidérer certains points dans son projet de révision. Toutes les mesures qui sont proposées doivent être conformes à l'objectif d'une transparence du système alimentaire. Il faut permettre aux consommateurs de choisir consciemment des produits plus durables, avec un plus haut niveau de bien-être et ainsi encourager de telles productions.