Le 7 février 2022. Le décret tant attendu sur la mise à mort des poussins mâles est enfin paru. CIWF se félicite de cette avancée (promise par le précédent ministre de l’Agriculture !) mais regrette un âge d’élimination dans l’œuf trop tardif et l’absence de propositions plus ambitieuses pour le long terme. CIWF regrette par ailleurs l'absence d’engagement concernant les canetons femelles et l'absence de soutien concernant le développement des souches dites « duales ». Ces souches évitent l’élimination des mâles puisque les mâles et les femelles sont conservés pour être élevés. Selon CIWF, cette solution plus durable qui limite les dérives absurdes de la sélection à outrance est totalement hors des radars du Ministère de l’Agriculture.
Une application repoussée d’un an !
Trois ans après les engagements du Ministre de l’Agriculture précédent, Didier Guillaume, et un an après l’Allemagne, le gouvernement français publie (enfin !) un décret sur la question de l’élimination des poussins mâles.
Si l’interdiction est d’application immédiate pour les nouveaux couvoirs, pour les couvoirs actuels, le décret donne jusqu’au 31 décembre 2022 pour se conformer, soit un an de plus que l’engagement du gouvernement.
CIWF se félicite malgré tout de cette avancée qu’on attendait depuis des années et s’interroge sur la mise en œuvre pour que cette échéance soit, cette fois, bien tenue. Si l’échéancier de vérification d’installation du matériel est utile pour ne pas se retrouver la veille de l’échéance sans aucun couvoir adapté, nous nous interrogeons sur la pertinence des contrôles effectués : la mise en place du matériel et non l’effectivité de leur utilisation.
CIWF regrette par ailleurs que ce décret fasse l’impasse totale sur l’élimination des millions de canetons femelles de la filière foie gras chaque année (au moins une dizaine de millions selon les estimations de la filière).
Une élimination le 15e jour de l’embryon, c’est trop tard !
Le décret indique que le sexage doit être réalisé au plus tard le 15e jour après incubation. CIWF regrette le manque d’ambition de cet objectif : un sexage plus précoce aurait plus de sens.
En effet en l’état actuel des connaissances, l’activité cérébrale de l’embryon semble débuter le 13e jour, et des doutes subsistent sur une possible sensibilité des embryons dès leur 7e jour.
Ainsi, par principe de précaution, CIWF recommande un sexage le plus tôt possible (idéalement avant le 7e jour) et au plus tard, avant le 14 e jour.
Dès 2021, l’Allemagne a interdit l’élimination des poussins mâles à partir de 2022. Le texte de loi prévoit que des méthodes de sexage des œufs devront être généralisées afin de permettre de détruire les œufs mâles avant l'éclosion au plus tôt dans la période d’incubation. À partir de 2024, les embryons devront être éliminés avant le 7 ème jour.
CIWF soutient les méthodes de sexage pionnières existantes en France et au-delà permettant de mettre fin à l’élimination des poussins mâles d’un jour (ex : Endocrinologie & Hyperspectrale) dès lors qu’elles se déroulent jusqu’au 14e jour maximum.
Trop d’exceptions à la règle…
L’élimination des poussins destinés à l’alimentation animale, elle, restera autorisée. Cette exception est très large, et n'est donc pas acceptable.
Un éventuel arrêté déterminerait les méthodes de mise à mort autorisées pour ces poussins. La méthode du gazage est la plus douloureuse, et elle est utilisée pour garder les poussins entiers pour l’alimentation des animaux détenus dans les zoos notamment – Cette méthode n’est pas acceptable.