Lors de sa conférence de rentrée le 4 janvier 2022, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a exprimé sa satisfaction de voir se réaliser « un tournant important en matière de réponse aux attentes du consommateur en faveur du bien-être animal ». Il fait référence à ces 3 sujets : la fin du broyage des poussins, la fin de la castration à vif des porcelets et la mise en place de "référent bien-être animal" dans les élevages. CIWF souhaite apporter des nuances importantes. Si CIWF salue cette prise en compte du bien-être animal, mais déplore des avancées réelles bien maigres.
Le broyage des poussins mâles serait interdit…
Non, l’interdiction n’est toujours pas obligatoire à ce jour. Nous attendons toujours un cadre législatif à cette promesse réalisée il y a 2 ans par le Ministre précédent, Didier Guillaume. Les précisions doivent porter sur les techniques d’ovosexage. La sensibilité embryonnaire après le 14e jour après incubation est réelle, les scientifiques sont moins catégoriques en deçà. Et puis la date effective de l’interdiction est toujours en attente. Au-delà de ces 2 questions, nous regrettons que la solution plus durable des souches duales soient totalement hors radars. Avec des races de poules performantes pour les filières « chair » et « œuf », il n’aurait plus besoin de sexer. Il faut accompagner leur déploiement. C’est donc bien cette vision hyper productiviste de l’élevage qui pose problème et qu’il faut revoir.
Fin de la castration à vif des porcelets ?
Elle est appliquée depuis le début de l'année, mais la prise en charge de la douleur désormais imposée aux éleveurs est « en réalité relativement inefficace » : la prise en charge de la douleur pendant l’intervention et la durée des analgésiques prévus après l’intervention se sont pas suffisantes. D'autre part, ces manipulations restent très stressantes pour l’animal.
Le vrai sujet est le maintien de la castration. Les alternatives à la castration existent et sont profitables aux éleveurs !
Des "référents bien-être animal" dans les élevages
« A compter du 1er janvier 2022, tous les élevages d'animaux domestiques (animaux de rente, de compagnie, équidés) et d'animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité devront désigner un référent en charge du bien-être animal », a indiqué le ministère de l'Agriculture dans un communiqué (29/12/2021).
« Le référent "bien-être animal" peut être le responsable d'élevage lui-même ou une personne qu'il désigne au sein de son personnel », selon l'arrêté du 16 décembre 2021 paru au Journal officiel. « Les référents désignés au sein des élevages (...) auront six mois à compter du 1er janvier 2022 pour entamer le parcours de formation, et disposeront de 18 mois pour l'achever », précise le ministère.
Il s’agit donc en réalité d’une formation (généraliste, pas forcément spécifique à leur filière !) de l’éleveur ou de qqn de son personnel (juge et partie). Le rôle d'un tel "référent" reste donc flou et rien n'indique qu'il pourra signaler des manquements et proposer des correctifs, par exemple. Il n’est pas défini de fonction ni de responsabilité pour ce référent – si ce n’est de devoir suivre une "formation". Évidemment, de telles formations peuvent être utiles, c’est à saluer, mais de là à appeler cela "référent bien-être animal"…
CIWF n'oublie pas les promesses non tenues du Président de la République (notamment sur l’interdiction des cages pour les poules pondeuses) et regrette 2 occasions majeures manquées d’engager la transition vers des systèmes d’élevage plus durables, pour les animaux mais aussi pour les êtres humains et la planète : la loi climat et le PSN / PAC.
Dans son discours, notre Ministre affirme que « le monde de l’élevage nous montre une nouvelle fois qu’il est pleinement engagé dans les transitions ». Mais le Ministre ne devrait-il pas accompagner davantage ce monde de l'élevage dans ces transitions nécessaires ?