La loupe

Loi climat et résilience : il va falloir revoir la copie

News Section Icon Publié 24/02/2021

Le 10 février dernier, le gouvernement a présenté en Conseil des ministres sa loi Climat et résilience. Cette loi, qui fait suite aux travaux de la Convention citoyenne sur le Climat, doit permettre de lutter contre le changement climatique, avec notamment un volet intitulé « Se nourrir », en lien avec l’alimentation.

Notre système alimentaire, les modes de production et de consommation, ont un impact majeur sur l’Environnement en général, et le climat en particulier. Les modes d’élevage et notre consommation de protéines animales doivent impérativement évoluer, et des mesures législatives doivent être prises pour enclencher et accompagner cette transition pour un système durable et plus respectueux.

La copie présentée par le gouvernement est une déception ; en l’état, les mesures dans la loi sont insuffisantes pour répondre aux enjeux, et l’Etat en est encore à l’incitation et aux encouragements aux changements de pratique, là où il doit s’engager beaucoup plus fermement.

Avec 100 associations et le Réseau Action Climat, nous avons co-signé une lettre ouverte adressée au Président de la République, demandant que la loi évolue vers des mesures beaucoup plus ambitieuses et pertinentes au regard de la situation actuelle et à venir.

Le projet de loi est particulièrement faible en ce qui concerne l’élevage, alors que la Convention Citoyenne pour le Climat a bien mis en évidence tout autant la nécessité de réduire dans sa globalité la part des protéines animales dans nos assiettes, que la nécessité de soutenir l’élevage agroécologique et reconvertir les élevages vers la montée en gamme. Alors que dans son préambule, le projet de loi vise à agir pour transformer les modes de consommation vers le « moins, mais mieux », dans les articles de la loi proposée, rien n’est mis en place pour accompagner cette transition sur l’élevage et les produits qui en sont issus. Pire, depuis la loi EGAlim, on assiste à un détricotage de la « montée en gamme » qui avait été promise par le gouvernement. Il est urgent d’agir et la loi climat est le dernier rendez vous du quinquennat pour le faire !

Pour CIWF, le texte doit intégrer les mesures suivantes :

  • Une obligation de choix végétarien quotidien dans les self-services à partir de 2023, et deux repas végétariens par semaine pour la restauration collective à menu unique à partir de 2025.
  • Plus de produits issus d’élevages agroécologiques en restauration collective par l’exclusion des productions les plus intensives de poulet et d’œufs des 50% dit « de qualité »et l’obligation d’un pourcentage de produits animaux intégrés dans la mesure .
  • Interdire progressivement plusieurs modes de production non agroécologiques, avec pour objectif d’entrainer une baisse des cheptels des élevages industriels
  • Introduire l’expérimentation d’un étiquetage du mode de production des produits issus de l’élevage
  • Un objectif de réduction de la consommation des produits issus de l’élevage.

Nous serons fortement mobilisés tout au long de l’examen du texte pour obtenir une loi qui garantisse de vraies avancées dans la lutte contre le changement climatique. Alors que l’Union européenne s’est engagée dans sa lutte avec sa stratégie du « Green new deal » et veut être une championne mondiale dans le domaine, la France ne peut se permettre d’être à la traine dans sa politique nationale. Par ailleurs, après de nombreuses promesses, le Gouvernement tient sans doute avec l’examen de ce texte, sa dernière opportunité du quinquennat de véritablement agir pour l’environnement et l’agriculture.

Globe

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