Publié 26/05/2020
La Commission européenne a dévoilé le 20 mai la Stratégie « De la ferme à la fourchette », élaborée dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe. Si le texte publié fait bien le constat de l’impact de nos modes de productions et de consommation sur la planète, notamment une surconsommation de viande, et « l’urgence d’améliorer le bien-être animal », les propositions d’actions soutenues dans le texte sont en revanche insuffisantes. Il faudrait, en outre, mettre en cohérence les intentions de cette stratégie avec la Politique agricole commune, pour viser une sortie de l’élevage intensif.
Une vision mais pas d’actions concrètes efficaces
Depuis des mois, CIWF insiste auprès de la Commission et récemment auprès du gouvernement français pour que cette Stratégie "de la ferme à la fourchette" offre une occasion de fixer un nouveau cap pour l'Europe : abandonner l'élevage intensif au profit d'une production plus respectueuse du bien-être animal et de la santé publique. Nous avons récemment interpellé le Premier Ministre dans une lettre commune avec plusieurs ONG françaises de protection animale.
Si la Commission porte une vision forte, alliant production et consommation et soulignant l’urgence à agir face à la crise climatique, y compris par l’amélioration du bien-être animal, les actions proposées ne sont pourtant pas assez systémiques sur l’élevage.
Dans cette Stratégie, la Commission européenne s'est engagée à « réviser la législation sur le bien-être animal » mais elle ne fait pas le lien avec la Politique Agricole Commune. Quels moyens d’action permettront de mettre en œuvre cette stratégie si elle est décorrélée de la PAC ?
Bien-être animal : focus transport et abattage et des oublis
Bien que nous nous félicitions de l'engagement de revoir les normes minimales de bien-être animal, en particulier concernant le transport et l'abattage des animaux, nous constatons certains reculs dans cette dernière version dans laquelle il n'est d’ailleurs toujours pas fait mention d'une suppression progressive de l'élevage en cage, ni de la protection du bien-être des poissons.
Réduction de la consommation de viande et étiquetage en second plan
De plus, les ambitions de limiter la consommation de viande restent faibles. Dans une version antérieure divulguée de la Stratégie « De la ferme à la fourchette », la Commission européenne semblait plus ambitieuse et visionnaire en faisant référence à son intention de « cesser de stimuler la production ou la consommation de viande ». La version précédente était également beaucoup plus ambitieuse quant à la réforme des subventions agricoles de l'UE, afin de mieux les aligner sur cette Stratégie» .
Elle affirme considérer les options pour l’étiquetage sur le bien-être animal, supprimant cependant dans la dernière version le lien avec les modes de production. Nous regrettons l'approche timide suivie par la Commission européenne.
Et l’articulation avec la Politique Agricole commune ?
Par ailleurs, CIWF avec les membres de la Plateforme Pour une Autre PAC, constate un grave manque de cohérence entre, d’une part, les intentions politiques affichées par l’Union européenne, au travers de ce Pacte vert et, d’autre part, la proposition de réforme de la PAC actuellement négociée, où le bien-être animal brille par son absence.
Nous voulons voir des actions concrètes pour mettre le bien-être animal au cœur de la future Politique Agricole Commune, pour que l’argent public serve à sortir de l’élevage intensif et valorise les pratiques vertueuses, à mettre fin à l'utilisation de cages pour les animaux d'élevage et à notre surconsommation de produits d'origine animale.
94% des citoyens européens considèrent le bien-être animal important et récemment, l'initiative citoyenne européenne lancée par CIWF « End the Cage Age » a vu plus d'un million de personnes à travers l'Europe appeler à la fin des cages d'élevage et à des lois plus strictes sur le bien-être des animaux d'élevage.
Le bien-être animal devrait être reconnu et intégré dans les politiques publiques comme un élément essentiel du développement durable des systèmes alimentaires.
La pandémie actuelle de COVID-19 n'a fait que renforcer le besoin d'une agriculture durable dans l'UE.