Publié 04/07/2019
Canicule…
Nous avons tous pu l’observer, la France a vécu fin juin une période de canicule comme nous en vivons rarement. Un tel évènement devrait pousser les pouvoirs publics à agir sur toutes les causes des changements climatiques, dont l’élevage, qui représente rappelons-le 14.5% des émissions de gaz à effet de serre.
Mais il faut aussi agir sur les impacts de telles températures sur les animaux d’élevage. Il y a urgence sous 40°C ! La règlementation européenne[1] impose certaines mesures minimales, telles que l’interdiction d’autoriser un transport de plus de 8h lorsque les prévisions de températures sur le trajet dépassent 30°C (avec une tolérance à 35°C). Elle oblige également des temps de repos avec déchargement des animaux au-delà de 29h pour les bovins et moutons, par exemple.
Les infractions perdurent
Pourtant, force est de constater que chaque année, c’est la même chose et les infractions perdurent. Dépassement des temps de transport, dépassement des températures maximales, transports d’animaux non aptes, absence de dispositifs d’abreuvement adéquats, surdensités, carnets de route surréalistes, etc... Sans compter le fait qu’une fois que les animaux ont quitté notre territoire, peu importe leur sort ! Or, fin juin, les températures sur le pourtour méditerranéen où sont exportés la plupart des animaux français dépassaient largement les 40°C...
Durant ces périodes estivales soumises à fortes températures, les contrôles sont difficiles et les moyens insuffisants. Il est indispensable d’engager des actions d’urgence et préventives, afin de limiter au maximum les situations de danger. Parmi les mesures possibles, certains pays font le choix de suspendre durant une partie de la période estivales tous les transports hors UE.
Que fait la France ? de la com... et des fake news.
Semblant prendre conscience de la gravité du problème, le 27 juin, au plus fort de la canicule, le ministre de l’agriculture déclarait sur BFM TV : « Hier, j’ai pris un arrêté pour interdire le transport des animaux y compris les animaux à l’export. On ne peut pas laisser les animaux dans des camions, ni dans les trains. » Une interdiction mise en place « pour quelques jours, on verra en début de semaine prochaine si la canicule baisse […] Le bien-être animal est important, il fallait interdire cela ». Une annonce satisfaisante mais, vérifications faites, aucun arrêté n’a été pris !
En réalité, si certains exportateurs n’ont effectivement pas obtenu d’autorisation de départ (en application de la règlementation !), aucune mesure d’urgence n’a été prise, le gouvernement s’est contenté d’un simple « rappel à la règlementation » afin de rappeler aux services, aux professionnels et sur son site une réglementation déjà en vigueur qui encadre les transports en cas de forte chaleur.
Au-delà de la gravité de voir un ministre se prêter à un tel exercice, il est inacceptable qu’aucune mesure n’ait été prise alors que les températures dépassaient par endroit les 40°C.
Nous demandons depuis l’arrêt des exportations d’animaux hors de l’Europe, et a minima leurs suspensions lors de phénomènes climatiques qui durcissent encore davantage les difficiles conditions de transport pour les animaux. CIWF a fait savoir ses inquiétudes lors du dernier Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale et nous avons écrit au Ministre afin de demander des actions urgentes.
Une fois de plus, nous demandons à Didier Guillaume de suspendre toutes les exportations pendant l’été, et par là-même de se mettre en conformité avec ses propres déclarations aux médias….
[1] Règlement européen 1/2005 du 22 décembre 2004 sur la protection des animaux vivants pendant le transport