Publié 25/10/2018
Le Parlement européen a adopté aujourd’hui un règlement interdisant l’usage préventif en routine d’antibiotiques en élevages. A partir de 2022, les animaux non malades ne pourront plus recevoir de traitements antibiotiques préventifs en masse. Un pas en avant dans la lutte contre l’antibio-résistance qui permettra peut-être de sauver les antibiotiques pour notre santé.
Enfin une législation contre la surutilisation des antibiotiques en élevage.
Une nouvelle législation visant à mettre un terme à la surconsommation d'antibiotiques dans les élevages en Europe a été adoptée aujourd’hui par le Parlement européen. Pour Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France « nous saluons ce pas en avant vers une utilisation plus responsable des antibiotiques en élevage. C’est une victoire attendue depuis longtemps, tant pour les animaux d’élevage que pour notre santé. ».
L'utilisation systématique d'antibiotiques a souvent pour but de compenser le fait que les animaux sont élevés dans des conditions intensives, où le risque de maladie est élevé. Cela aboutit à ce que des groupes entiers d'animaux, malades ou sains, reçoivent des traitements antibiotiques de manière préventive, pour maintenir les animaux en bonne santé.
L'antibiorésistance, une vraie menace pour notre santé.
Cette utilisation excessive des antibiotiques est préoccupante, car il a été démontré qu'elle a contribué à l'augmentation du développement de bactéries antibio-résistantes, et donc impacte dangereusement la santé humaine. CIWF France fait campagne depuis des années pour l'adoption de pratiques agricoles qui privilégient la santé et le bien-être des animaux, et permettent de ce fait de réduire le recours aux antibiotiques. « Cela afin de préserver l’efficacité de nos antibiotiques, soigner les personnes malades, et non les animaux en bonne santé » ajoute Leopoldine Charbonneaux.
La moitié des antibiotiques en France sont donnés aux animaux d'élevage.
En France, la grande majorité des antibiotiques utilisés en élevage sont donnés en traitement de masse, c'est à dire dans l’alimentation ou l’eau des animaux. Les volailles, les cochons, les lapins et les veaux sont les plus gros consommateurs d’antibiotiques, en particulier avant le sevrage.
Dans l’UE, les deux tiers de nos antibiotiques sont utilisés par des «animaux destinés à l’alimentation» et en France, environ 50% des antibiotiques sont utilisés pour les animaux d’élevage. Les chiffres sont ahurissants.
Cette nouvelle législation n'empêche pas, bien sûr et heureusement, les animaux malades ou à haut risque d’infection d'être traités, individuellement, afin d’empêcher tout risque de développement de l'infection.
La législation adoptée par le Parlement européen aujourd’hui, le « Paquet Médicaments Vétérinaires », doit encore être votée par le Conseil des Ministres Européens (qui avait donné un accord préliminaire début 2018)