La loupe

Les animaux de la ferme dans la littérature

News Section Icon Publié 10/12/2015

De La chèvre de Monsieur Seguin aux Trois petits cochons, on retrouve les animaux de la ferme dans nombre de nos ouvrages favoris.

Afin de mieux refléter la réalité souvent terrible de la vie à la ferme au XXIème siècle, nous pensons qu'il faut réinventer la manière dont on la présente dans les livres pour enfants.

 Lorsqu’on évoque littérature et animaux, ce sont les classiques de la littérature enfantine qui viennent à l’esprit.

L’histoire de La chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet, les chroniques de Winnie l’ourson et ses amis par A.A. Milne, les Contes du chat perché de Marcel Aymé… des décennies après leur publication, ces classiques occupent toujours une place de choix sur nos étagères, sont écornés et souvent relus.
Pourquoi les animaux doués de parole ont-ils un tel succès ? Pour ces classiques, c’est plutôt simple : les animaux plaisent aux enfants et se font facilement une place dans les récits d'aventure. Une fois nos bambins lancés dans la lecture des péripéties campagnardes de leurs animaux favoris, il est difficile de les en décrocher.

Des fermes de conte de fées

Mais l’image du monde agricole dépeinte dans ces romans tient plus de la fantaisie que de la réalité. On y découvre le plus souvent des fermiers débonnaires entourés d’animaux heureux, libres de gambader dans les champs et les prairies verdoyantes.
Si on trouve parfois un rappel à la réalité des pratiques de l'élevage - les animaux des Contes du chat perché craignent l'abattoir, tout comme Babe dans le Cochon devenu berger - cela reste en général assez évasif. Ces romans sont du domaine du rêve, parfait pour endormir les enfants, mais probablement pas pour faire grandir une génération destinée à changer le monde.

Une question d'époque

Puisque la majorité de ces classiques ont été écrits avant le développement de l'élevage industriel, alors que l'agriculture traditionnelle était la norme, on peut imaginer qu'ils dépeignaient une image de la réalité à peu près fidèle. Mais là est le problème : de nos jours, la culture populaire continue de donner à nos enfants une image idéale de l'agriculture, qui cache complètement les dures réalités de ce qui arrive dans nos assiettes.

Un manque de sensibilisation

Dans une certaine mesure, il est plaisant pour les enfants de croire à ces utopies, et d'aspirer à un mode de vie sain au grand air. Mais étant donné l'état désastreux de notre système alimentaire, il est inquiétant de constater que l'on maintient les générations futures dans l’ignorance sur ce qu'est aujourd'hui réellement la vie des animaux dans la majorité des fermes.
Faire croire à la véracité de cette vision idyllique ne fait que perpétuer dans notre société un manque de prise de conscience dérangeant - voire néfaste - sur la manière dont les animaux vivent et sur l'origine réelle de notre nourriture. Et si les enfants ne sont pas informés de la réalité des faits, il sera extrêmement difficile de créer une agriculture durable dans le futur.

Rétablir l'équilibre entre la réalité et la fiction

Alors quelle serait la solution? Nous ne suggérons évidemment pas de renier nos classiques et d'intégrer dans la littérature enfantine toute l'horreur de l'élevage industriel - non seulement cela ruinerait la magie des histoires, mais cela traumatiserait probablement aussi toute une génération.
Nous proposons que les livres pour enfants se consacrent un peu plus à ouvrir les yeux des plus jeunes sur ce que sont réellement les "fermes" modernes - sans perdre de vue l'aspect divertissant - afin que les enfants ne grandissent plus dans l'idée que les animaux vivent des vies heureuses dans des prairies fleuries.

Des histoires qui font peur

Évidemment Winnie l'Ourson se serait moins amusé dans la Forêt des rêves bleus si Porcinet avait passé ses journées enfermé dans un élevage intensif. De même, il serait peu crédible d'essayer de convaincre la chèvre de Monsieur Seguin de ne pas s'enfuir si elle était maintenue dans un enclos fermé jour et nuit, plutôt que "au plus bel endroit d'un pré entouré d'aubépines".
Mais il est tout de même possible d'adopter des approches plus subtiles pour intégrer un peu de réalité sur l'élevage dans ce type de littérature.
Il n'y a après tout rien de nouveau dans le fait d'intéresser les enfants à des histoires qui véhiculent des messages difficiles. De nombreux best-sellers pour enfants traitent de moments difficiles de l'Histoire ou de l'actualité, pourquoi ne rien écrire sur les dérives de l'agriculture?

Soyons créatifs !

Il est temps que les auteurs remettent en marche leur créativité, et remplacent l'habituel "ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants" par " ils s'échappèrent de l'élevage industriel pour retrouver la nature". Les livres d'images ou de coloriages seraient également de bons vecteurs pour impliquer les enfants, en représentant de manière adoucie de la réalité, sur le modèle de ce que fait le site satirique Your Farm.
Et qui sait? Certains des jeunes lecteurs pourraient en grandissant souhaiter s'impliquer et garantir un réel happy end à ces milliards d'animaux d'élevage qui passent leur vie dans des élevages industriels... et ces systèmes cruels deviendraient une horrible fable du passé.

Comment rendre plus réaliste la présentation de l'élevage dans la littérature enfantine?

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