Publié 19/03/2014
Dans son rapport final, publié lundi 10 mars 2014, et concluant ses 6 années de mandat, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, souligne les effets négatifs l’élevage industriel, et met en évidence ses ravages sur notre santé et l’environnement.
Dans son rapport final, Le droit à l’alimentation, facteur de changement, publié lundi 10 mars 2014, le professeur Olivier De Schutter affirme qu’il faudrait atténuer les effets négatifs de l’élevage industriel.
Pour le Rapporteur spécial des Nations Unies, décourager l’augmentation de la demande de viande dans les régions où cette consommation atteint déjà des niveaux plus que suffisants pour « satisfaire les besoins alimentaires » de la population est « prioritaire ».
Dans ce rapport, Olivier De Schutter remet en question le besoin d'augmenter la production :
Les systèmes alimentaires que nous avons hérités du XXe siècle ont échoué. Bien sûr, des progrès importants ont été accomplis en ce qui concerne l’augmentation de la production agricole au cours des 50 dernières années. Cependant, cela n’a guère réduit le nombre de personnes qui souffrent de la faim, et la situation nutritionnelle reste médiocre.
Olivier De Schutter
CIWF est entièrement d’accord. La pensée orthodoxe selon laquelle que nous devrions augmenter de façon exponentielle la production de viande doit être remise en cause. Cela contribue à l’intensification de l'agriculture, ce qui pèse sur l’environnement, les animaux élevés dans des élevages intensifs, et sur la santé des hommes.
Le rapport met en évidence l'impact de la quantité de viande consommée dans les pays riches : « Dans les pays à revenu élevé, toutefois, les effets nets de la consommation de viande sur la santé s’avèrent négatifs : aux niveaux actuels, elle contribue à des maladies chroniques, notamment l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et le cancer. »
Olivier De Schutter pointe également le scandale du gaspillage alimentaire, qui va à l'encontre de l'argument selon lequel nous devrions augmenter la production alimentaire pour « nourrir le monde ».
Comme l’explique Philip Lymbery, Directeur de CIWF International dans son livre Farmageddon :
…notre planète produit déjà plus qu’assez de nourriture pour tout le monde, pour maintenant et l’avenir, si seulement nous la gaspillions pas. Environ 11 milliards de personnes pourraient être nourries avec ce que le monde produit actuellement, beaucoup plus que les 7 milliards d’aujourd’hui.
Philip Lymbery, Directeur de CIWF International
Une cause souvent négligée est celle du gaspillage des céréales de l’alimentation animale en élevage industriel, qui pourraient être consommées par l’homme, et qui nous met aujourd’hui en concurrence avec les animaux d’élevage.
Le Rapporteur Spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation aborde cette question de front : « la production non durable de viande est également un sujet de préoccupation. D’après une étude de la FAO (…) la production annuelle de viande devra atteindre 470 millions de tonnes à l’horizon 2050 pour satisfaire la demande prévue, soit une augmentation d’environ 200 millions de tonnes par rapport aux niveaux enregistrés au cours de la période allant de 2005 à 2007 »
« Une telle croissance n’est absolument pas soutenable. Dans le monde, plus d’un tiers des céréales sont déjà utilisées pour l’alimentation animale et, si les tendances actuellement observées se confirment, cette proportion passera à 50 % d’ici à 2050. La demande de viande réduit la part des denrées alimentaires dont disposent les populations démunies qui, faute de moyens, ne peuvent acheter que des céréales. Les répercussions néfastes pour l’environnement des exploitations d’élevage intensif, dans lesquelles des quantités industrielles de viande sont produites, ont été abondamment décrites. Si l’on continue de nourrir de céréales un bétail qui ne cesse de croître, la pauvreté et la dégradation de l’environnement s’en trouveront aggravées. »
Parmi les recommandations de O. De Schutter, il y a l’idée que nous devrions « revoir les systèmes de subventions agricoles existants, afin de prendre en compte les impacts sur la santé publique des affectations actuelles, et d’utiliser les marchés publics des cantines scolaires et autres institutions publiques pour soutenir l’approvisionnement en aliments nutritifs et de proximité. »
Il est scandaleux que l’élevage industriel, qui est cruel pour les animaux, provoque des dommages inacceptables sur l'environnement et contribue à une crise de l'obésité dans les pays développés, puisse bénéficier du soutien de nos gouvernements.