Publié 16/01/2012
Des enquêtes sur le transport d'animaux vivants entre l'UE et la Turquie ont révélé qu'infractions et souffrance animale sont monnaie courante alors que les exportations dépassent le million d’animaux en 2011.
Compassion in World Farming, Eyes on Animals et Animal Welfare Foundation, trois organisations de protection des animaux, ont enquêté en 2011 à la frontière entre l'UE et la Turquie. Sur 158 véhicules contrôlés, un taux alarmant de 67% ne respectaient pas la règlementation européenne sur le bien-être des animaux pendant le transport.
Les principaux problèmes :
- animaux entassés dans les camions,
- hauteur libre insuffisante,
- ventilation inadéquate (températures atteignant les 58 °C à l'intérieur des camions en été),
- manque d'eau.
Un film réalisé par les trois organisations dénonce la souffrance impliquée dans ce commerce (en anglais).
Les retards
Les problèmes sont aggravés par de forts retards à la frontière, qui se comptent en heures voire en jours, dû à des papiers qui ne sont pas en règle et des contrôles administratifs stricts.
Pour Peter Stevenson, conseiller politique en chef de CIWF : « Ce commerce inhumain a connu une croissance très rapide et, avec plus d'un million d'ovins et de bovins exportés vers la Turquie au cours de l'année passée, c'est désormais l'un des plus gros commerces d'exportation d'animaux vivants dans le monde. Entassés dans des camions surpeuplés, les animaux souffrent terriblement des longs trajets et des délais prolongés à la frontière. Ils sont si assoiffés et affamés que certains d'entre eux en arrivent à manger leur litière sale. »
Les ovins et les bovins proviennent de Hongrie, Bulgarie, Autriche, Grèce, Lituanie, Lettonie et Estonie. Les camions transportant ces animaux proviennent de ces pays, mais aussi des Pays-Bas, d'Allemagne, de Pologne, de Roumanie et de Croatie.
Une souffrance qui s’éternise
Le calvaire des animaux ne s'arrête pas à la frontière. Un grand nombre d'entre eux doit affronter un voyage exténuant à travers la Turquie, vers des destinations aussi lointaines qu’Erzurum, à 1500 km de la frontière.
Éthiquement inacceptable
Une fois arrivée à destination, la plupart des animaux sont envoyés à l'abattoir, où les conditions d'abattage ne sont pas acceptables et constituent une violation des normes internationales de l'Organisation mondiale de la santé animale, dont la Turquie est membre.
Il est éthiquement inacceptable pour l'UE d'envoyer des animaux vers un pays qui ignore régulièrement les normes internationales sur le bien-être animal au moment de l'abattage.
CIWF agit auprès de la Commission européenne et lui demande de :
- suspendre les exportations d'animaux vivants vers la Turquie afin de mettre fin aux souffrances des animaux de l'UE ;
- entamer des poursuites contre la Bulgarie et la Hongrie pour non respect systématique de la législation européenne sur la protection des animaux pendant le transport ;
- collaborer avec les autorités turques et les Etats membres impliqués dans ces exportations pour trouver des solutions permettant de réduire les délais à la frontière.