Les enquêteurs de CIWF, en collaboration avec les ONG internationales Eyes on Animals et Animal Welfare Foundation, ont récemment mené plusieurs enquêtes sur l'exportation d'animaux vivants en provenance de l'Union européenne vers la Turquie. Pourquoi ce pays ? Tout simplement parce qu’il s’agit du plus gros pays importateur d'animaux en provenance de l'Union Européenne.
Ce que nous avons découvert est choquant.
Chaque année, plus de 3 millions d'animaux sont expédiés vivants de l'UE vers l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient, la Turquie, la Russie, les pays de l'ex-Union soviétique et de l'ex-Yougoslavie. Ces animaux doivent souvent endurer des heures de routes entassés dans des camions et peuvent faire face à d'énormes variations de température au cours de leurs voyages, ce qui rend leur souffrance inévitable.
Ces animaux subissent trop souvent de très longs temps d’attente aux frontières et aux douanes, qui peuvent durer des heures, voire des jours. Dans de nombreux cas, ils restent enfermés dans les camions, par manque d’infrastructure adaptée pour qu'ils puissent être déchargés, reposés, nourris et abreuvés. Beaucoup ne survivent pas à ces voyages.
Les enquêteurs de CIWF ont suivi l’expédition de taureaux de boucherie en provenance de Hongrie et de Slovaquie jusqu’à leur destination finale en Turquie. Dans les deux cas, les taureaux ont été enfermés dans les camions durant près de 60 heures, soumis à des températures très élevées tout au long de leur voyage.
Pour la première fois, nos enquêteurs ont documenté les longs délais d’attente subis par les animaux européens en Turquie. Les taureaux hongrois ont été arrêtés à un poste de douane. Faute d’installation adaptée pour décharger ou nourrir les animaux, ils sont restés dans le camion pendant 20 heures. Des défaillances dans le système automatique de distribution d'eau à bord du camion et des auges pleines d'excréments ont obligé les conducteurs à donner de l’eau manuellement aux taureaux à l'aide de caisses en plastique de fortune. Les conducteurs sont devenus agressifs envers les taureaux, utilisant des aiguillons électriques et des bâtons. Il n’est pas sûr que tous les taureaux aient pu accéder à l'eau.
Une fin cruelle
Nos enquêteurs ont suivi les taureaux hongrois jusqu’à l’abattoir et ont assisté à la mort brutale de l'un des taureaux, trop faible pour se relever après s'être effondré lors du déchargement. A l’aide d’une grue et d’un treuil, le taureau a été trainé par les pates arrières sur le pont du camion où on l’a égorgé - une mort douloureuse, sans étourdissement.
De la Lettonie à l'Irak
Lors d’un autre incident alarmant, rapporté par les équipes de Eyes on Animals et d’Animal Welfare Foundation, un camion transportait des taureaux de la Lettonie à l'Irak. Ayant parcouru plus de 2600 km pour rejoindre la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, le camion a été retardé durant 6 jours, le temps nécessaire pour obtenir auprès des autorités le document obligatoire faisant défaut permettant le transit. Une fois le camion autorisé à poursuivre son voyage à travers la Turquie, il a parcouru plus de 2000 kilomètres supplémentaires pour atteindre sa destination finale en Irak. Le sort de ces animaux n'est pas connu.
Un commerce d'ampleur
L’UE exporte environ 750.000 bovins et moutons chaque année en Turquie. Ces moutons et ces bovins, dont de jeunes veaux, proviennent de plusieurs États membres, dont la Hongrie, la Bulgarie, l'Autriche, la Grèce, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie. Les camions transportant les animaux sont originaires de ces pays, mais aussi des Pays-Bas, de l'Allemagne, la Pologne, la Roumanie et la Croatie.
Les animaux sont confrontés à des problèmes majeurs durant les transports, parmi lesquels :
- une grave surpopulation, et une insuffisante hauteur de plafond
- une ventilation inadéquate (été 2011, des températures atteignant 58°C ont été enregistrées dans un camion à la frontière turque)
- le manque d'eau
- de longs retards aux frontières et aux postes de douane.
CIWF demande à l'UE de mettre fin à l'exportation d'animaux vivants vers des pays tiers.
Un problème récurrent
CIWF a mené une enquête similaire en 2011. Cette enquête avait mis en lumière de nombreux problèmes et, en dépit des fortes pressions exercées sur la Commission européenne, ces questions de bien-être animal sont toujours d’actualité.
Comment agir ?
Passez à l'action ! Cette enquête démontre clairement la nécessité de mettre fin aux exportations d’animaux vivants de l'UE vers les pays tiers.