Publié 12/12/2014
Dégouté par ce qu’on exigeait de lui, Craig Watts, un éleveur de poulets, a eu le courage de nous ouvrir les portes de son élevage, pour montrer comment les poulets sont réellement élevés et pourquoi il est obligé de les élever dans de terribles conditions.
Le poulet est la première viande consommée aux États-Unis, mais la réalité de l’élevage est souvent bien éloignée de l’image apposée sur l’emballage. A l’heure des lois "Ag-Gag" ("agriculture bâillonnée") et des enquêtes en caméra cachée sanctionnées, et alors que l’agro-industrie fait tout son possible pour que les citoyens américains ignorent ce que signifie l’élevage intensif, c’est une avancée majeure. Craig a levé le voile sur l'industrie du poulet, notoirement secret.
Un éleveur de poulet intensif ose parler
Pourquoi a t-il ouvert les portes de son élevage ?
Craig dit : « ce qui se passe n’est pas ce qui est montré dans la pub. Il y a beaucoup de failles dans le système. Le consommateur est dupé ; l’éleveur est mené en bateau ».
Craig met en lumière une vérité dérangeante : la viande étiquetée « naturelle » ou « sans antibiotique » laisse penser qu’il s’agit de poulets élevés en plein air. Or, ce sont des poulets élevés sur une litière recouverte de matières fécales qui n'a pas été changée depuis des années. Ces poulets sont sélectionnés pour grandir tellement vite, qu’ils ne peuvent souvent même pas tenir sur leurs pattes. Ils sont élevés dans des bâtiments faiblement éclairés, et ne voient jamais la lumière du jour, sauf en arrivant de l'écloserie ou en partant à l'abattoir.
La vidéo tournée dans l’élevage de Craig détaille les conditions de vie des poulets qu'il élève pour Perdue, un producteur américain majeur. Les poulets sont étiquetés « humanely raised » (« élevé humainement ») mais ne le sont pas. Les allégations de Perdue sont approuvées par l’USDA (le ministère de l'Agriculture américain), qui donne son accord pour l’utilisation de l’appellation « humanely raised ».
Lié par contrat, Craig n’est pas autorisé à donner à ses poulets de la lumière naturelle ou de l'air frais. Il ne contrôle pas la génétique ou la santé des oiseaux qui lui sont livrés. Il ne décide pas combien d'oiseaux sont élevés dans son bâtiment, et il n’est pas autorisé à ajouter des matériaux d’enrichissement qui pourraient améliorer la vie des poulets.
Ce film fait actuellement scandale dans les journaux américains. Le New York Times, le Washington Post et d'autres grands journaux l’ont relayé. La vidéo a déjà été vue par plus d’un million de personnes sur YouTube en quelques jours.
Craig et moi avons compris que nous voulons la même chose. Nous voulons réformer l’industrie et il va falloir nous serrer les coudes pour y arriver.
Leah Garces, directrice de CIWF USA
« Better Chicken » : mieux pour les poulets et pour nous
Quand on lui demande ce qu'il aimerait faire pour eux, il dit : « Je leur mettrais de la lumière naturelle et de l'air frais. Premièrement, c’est mieux pour eux, et deuxièmement, c’est mieux pour nous tous ».
Craig est un pionnier qui a ouvert son élevage pour montrer aux consommateurs comment leur poulet est produit. Il nous montre la réalité, nous devons maintenant remettre en question ces étiquetages qui prêtent induisent en erreur et exiger de meilleures conditions d’élevage où les animaux sont traités de façon plus respectueuse. C’est l’objectif de notre campagne Better Chicken Initiative aux Etats-Unis, grâce à laquelle les consommateurs peuvent agir.
Et en France ?
En France, 80% des poulets sont intensifs et les étiquettes ne sont pas toujours simples non plus à déchiffrer. Si vous mangez du poulet, pensez à consultez notre page Comment choisir sa volaille.
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